Temple du Bélier
Après une interminable marche à travers dix temples, tous plus originaux d’un point de vue architectural les uns que les autres, j’entrevis enfin le parvis de ma propre demeure.
A peine le pied posé sur le sol de marbre blanc, je perçus que les lieux avaient été inhabités depuis belle lurette. Les serviteurs ne s’embarrassaient plus de nettoyer la poussière qui s’amoncelait sur les dalles ou sur les colonnes grecques, et les torches accrochées aux murs menaçaient de s’effriter au moindre contact.
Bref, il y a avait pas mal de travail pour rendre les lieux conformes à l’image que je m’en faisais.
Réprimant un soupir de découragement, je gagnais l’alcôve qui devait constituer mes appartements personnels. Pas un bruit, pas une lueur, et une odeur de renfermé qui me prit immédiatement à la gorge. L’espace d’un instant, j’eu la crainte d’apercevoir le cadavre de mon prédécesseur sur la chaise placée dans un recoin de la minuscule pièce, mais elle demeurait aussi vide que le reste de l’habitation sommaire.
Sans me faire de grandes illusions, j’ouvris le buffet destiné aux victuailles et n’y trouvais qu’un rat affamé, que je chassais d’un simple mouvement.
Pour moi qui avait vécu dans un certain luxe durant ma prime jeunesse, puis le long de ma carrière de pirate, cette entrée en matière s’apparentait à un cauchemar. Mais Athéna sembla entendre ma complainte muette, car une voix résonna brusquement à l’entrée de mon temple.
Euh…. Excusez-moi… Y a-t-il quelqu’un ?... Je sortis aussitôt de la pièce et tombais nez à nez avec un jeune homme aussi blond que les blés. Vêtu d’une simple chemise blanche et de braies beiges rapiécées, l’inconnu écarquilla les yeux à la vue de mon armure et s’agenouilla, le corps tremblant.
Veuillez me pardonner de mon intrusion, mon seigneur… Je suis Thomas, le fils de l’ancien serviteur de votre prédécesseur. Et je suppose que tu viens pour me proposer tes services. Oui, mon seigneur. Je vis dans une cabane en retrait de votre demeure, et je devais guetter l’arrivée d’un nouveau porteur de votre habit sacré. Tu aurais au moins pu entretenir un minimum les lieux. S’il avait pu se glisser dans un trou de souris, nul doute que le jeune Thomas n’aurait pas hésiter un seul instant. Le ton sec de ma réprimande ne semblait pas l’avoir laissé indifférent, car je le vis courber l’échine sans répliquer.
Qu’importe. Ce qui est fait est fait. Hâte-toi de changer les torches, de passer un bon coup de balai dans mes quartiers et de me préparer un bain. Ceci fait, tu iras chercher assez de victuailles pour me préparer un repas digne de ce nom. J’eus la satisfaction de le voir se relever pour courir exécuter mes directives. Bien, au moins ce brave garçon était réactif, à défaut de posséder le sens de l’initiative. Il ne me restait plus qu’à partir explorer le reste du temple, en attendant que mes ordres soient menés à bien.