[FB] A la frontière entre deux mondes

Une tempête de neige s'était levée ce jour-là. On ne s'aventurait pas sur les routes par un temps pareil, et l'atmosphère qui régnait dans cette petite ville fortifiée au bord de la frontière était celle du confinement. Les asgardiens savaient s'organiser pour faire face à de tels ouragans. Une fois barricadés, ils prenaient leur mal en patience. Certains occupaient leur temps à s'entraîner dans la salle d'armes couverte, au son des épées s'entrechoquant, d'autres se reposaient ou échangeaient des marchandises.

Mais tout le monde ne s'amusait pas, loin de là. Il y en avait même un qui était en train de recevoir une sévère punition qu'il n'avait pas volée. Pour remettre un apprenti guerrier à sa place, il y a une méthode assez payante qui tient en quelques mots : l'entretient des cottes de maille. Remplacer les anneaux, brosser les mailles avec de la graisse, pendant deux ou trois journées d'affilée, est une activité qui calme les esprits les plus rebèles.

C'était le sort que l'on avait réservé à Wilfrid pour vol de matériel, et tentative de fugue en pleine tempête de neige, après une bonne correction dont il allait sans doute garder le souvenir pendant plusieurs jours. Sous la garde des armuriers, il allait devoir faire pénitence sous cette forme de travail. Immanquablement, après que le guerrier chargé de faire l'instruction de Wilfrid les ait mis au courant de la situation, les deux hommes se chargèrent de lui faire la morale à leur tour.

" Alors comme ça on voulait faire une promenade ? A treize ans, on commence à avoir des idées stupides, c'est bien de ton âge. "

" Est-ce que tu as pensé à ce que dirait ton père ? Lorsqu'il apprendra ton comportement, tu lui feras honte, et tu verras ce que tu prendras. "

Oh, Wilfrid avait bien une idée de ce que son père pourrait lui dire s'il avait encore un quelconque intérêt pour lui. Bien entendu, les questions étaient rhétoriques, le jeune garçon n'avait pas intérêt à répondre s'il ne voulait pas en entendre davantage. Il fit donc profil bas et s'empara d'une pince pour commencer l'ouvrage avec un petit reniflement de dégoût lorsque ses mains se salirent lorsqu'il saisit une première cotte de maille. En tout cas, dès qu'il sentait que l'attention se relâchait sur lui, il prenait cette occasion pour lancer des regards noirs à la ronde.

Cela faisait presque 6 mois qu'Alfrid était arrivé chez son père. 6 mois d'entrainement avec le bataillon, à apprendre les vrais coutumes d'Asgard et surtout, 6 mois à découvrir sur des cartes du pays, les endroits qu'il rêvait de visiter.

Pour le jeune homme, Asgard était la Terre Promise. Entre les passages des Guerriers Divins, les ambassadeurs et autres personnes, la ville frontalière où il vivait était un paradis. Mais pour l'heure, Alfrid avait été envoyé avec quelques soldats dans une autre ville frontalière, à quelques kilomètres de la sienne. Cela aurait été un vrai jeu d'enfant si une tempête ne s'était pas levé.

Une chance pour ses camarades et lui-même, la ville n'était pas très loin. Néanmoins, ils durent avancer à coté de leurs chevaux car les pauvres bêtes, pourtant habitués aux temps nordiques, n'avançaient plus trop.

- Allez mon grand, murmura Alfrid en tirant un peu son cheval. On peux voir les lumières de la ville d'ici, je te jure qu'on va trouver un endroit bien chaud pour que tu te repose.

L'un des hommes qui l'accompagnait s'arrêta pour l'aider un peu. Ensemble, ils arrivèrent dans la ville et, une chance pour leur monture, la caserne des guerriers n'était pas loin. Ils ne leur fallut que quelques minutes pour s'y trouver et toquer.

Ils furent accueillit comme la coutume le veux. Les anciens discutèrent entre eux pendant qu'Alfrid regardait autour de lui. Il demanda l'autorisation de visiter la caserne et, sans vraiment attendre de réponse, parti à la découverte de ce nouveau lieu.

En entrant dans l'une des pièces, il tomba sur plusieurs personnes, occupés à divers activités. Mais ce qui attira son regard, c'est un jeune garçon, de son âge qui réparait des cottes de mails. Il avait ne  semblait pas trop heureux et Alfrid pu le comprendre. Faire ce genre de tache était répétitif et surtout d'un ennuie mortel.

- Salut, tu veux un coup de main? Dit-il en se mettant au niveau du jeune homme en lui tendant la main.

Entre deux serrages de mailles, le retenu vit arriver ce jeune condisciple de son âge qui venait vraissemblablement d'arriver à la caserne. Ce dernier avait l'air d'être heureux de son sort, de se trouver là et de découvrir un bastion qu'il ne connaissait pas, du moins c'est ce que l'on pouvait supposer car Wilfrid ne se souvenait pas de l'avoir vu les jours précédents - et c'était plutôt un type de personnage que l'on aurait eu tendance à remarquer.

En fait, quelques instants plus tôt Wilfrid avait surpris une conversation qui parlait d'un convois surpris dans la tourmente qui était arrivé le soir même. Et étant donné que les bottes du nouveau venu étaient humides, il était facile d'imaginer qu'il avait fait partie de cette expédition. Il se replongea dans son ouvrage, peu intéressé par ce garçon dont il ne partageait pas l'état d'esprit.

Ses yeux s'arrondirent de surprise lorsque le jeune garçon lui tendit la main en lui offrant son aide, d'une voix généreuse. C'était très inattendu car ce n'était pas exactement le type de comportement dont il avait l'habitude. La solidarité existait bien sûr dans l'armée d'Asgard, mais la rudesse de ce style de vie rendait la gentillesse assez rare, pour ne pas dire suspecte. Pris de court, Wilfrid crut bon d'expliquer au nouveau venu qu'il ne faisait pas quelque chose de normal.

" Je suis puni. "

Et il s'empara d'une cisaille sur le plan de travail pour découper des anneaux abîmés à remplacer. Il vit que la surveillance se relâchait, car les deux responsables de l'armurerie recevaient un ami avec de grandes exclamations qui présageaient une conversation animée. Alors il continua à s'expliquer :

" Je dois rester ici trois jours entiers, jusqu'à ce que je reparte avec mon maître. Ce n'est pas un problème de nombre de réparations, tu comprends ? Donc cela ne changera rien que tu m'aides ou pas. De toutes façons, tu dois avoir autre chose à faire que de réparer des cottes de maille. "

Le jeune garçon ne cachait pas l'ennui qu'il concevait à rester assis sur un banc à cette tâche monotone. La frustration et la colère couvaient dans son esprit, et même si son instructeur pensait que cette méthode allait le calmer, Wilfrid savait qu'il n'en était rien. Il renifla et s'essuya le nez d'un revers du bras. Il devait être l'un des rares asgardiens à être affligé d'un rhume chronique, n'ayant pas développé naturellement comme nombre de ses compatriotes une protection contre le froid. Puis il regarda à nouveau son camarade et se laissa pousser par la curiosité :

" Tu viens de la ville voisine ? "

Alfrid était heureux d'avoir enfin atteint la ville, et d'être au chaud dans la taverne. Car même s'il avait toujours eu une bonne résistance au froid, surement hérité de son père, il avait vraiment cru se transformer en stalagmite lors de la tempête. D'ailleurs, il espérait que les gens de la ville allait prendre soin du cheval qu'il avait reçu à prêter par les autres soldats.

En plus, il avait la chance de pouvoir visiter une autre caserne, ainsi q'une nouvelle ville d'Asgard. Son père lui avait dit qu'il fallait qu'il visite beaucoup d'endroit différent dans le pays, afin de ne jamais être prit au dépourvu lors de ses patrouilles. C'est pour ça que dès qu'une patrouille devait se rendre dans une autre ville, Alfrid se proposait toujours pour en faire parti, au grand dam de son père qui aurait voulu qu'il passe un peu plus de temps à s'entraîner.

Une fois dans le batiment, il avait alors regarder un peu partout dans les pièces jusqu'à tomber sur un autre jeune. Quand Alfrid lui proposa de l'aide, il lui déclara qu'il était puni.

" - Je connais ça..." songea Alfrid, en se souvenant de sa dernière punition pour avoir raté un entrainement du matin car la veille, il avait lu les légendes d'Asgard.

L'autre jeune homme lui expliqua ensuite qu'il allait devoir attendre 3 jours pour repartir avec son maître. Et même s'il semblait dire qu'il n'en avait rien à faire de réparer les cottes de mailles, Alfrid pouvait voir que l'envie de bouger bouillait en lui. Cela ne l'étonnait pas, réparer des cottes de mailles était une tache répétitive et lente. A un tel point qu'Alfrid avait toujours réussi à s'échapper de cette corvée.

Il était perdu dans ses pensées quand son interlocuteur lui demanda s'il venait de la ville voisine. Il resta quelques secondes sans réagir avant de comprendre le sens de la question.

- Pardon? Ah oui, je viens de la ville qui se trouve à environs une demi-journée de cheval. J'ai oublié de me présenter. Alfrid lui tendit la main en souriant. Je me nomme Alfrid, fils de Stignan. Actuellement jeune recru dans la milice.

Ca lui faisait bizarre de se présenter en parlant de son père, car avant, il avait prit l'habitude de juste dire qu'il s'appelait Alfrid, vu qu'il ne connaissait pas son père, il y a encore 6 mois. Mais a présent, il était heureux de pouvoir enfin compléter sa présentation.

Il attendit la réponse de son interlocuteur pour pouvoir enfin mettre un nom sur son visage.

Alfrid fit part de sa compassion à son camarade. Il n'insista cependant pas pour partager la tâche ingrate dévolue à Wilfrid, cherchant simplement à sympathiser. Le regard qu'il posait sur Wilfrid qui se débarassait des chutes de métal et recommençait à enfiler les anneaux et les serrer, était assez éloquent : il ne l'enviait pas. C'était bien un soldat, préférant l'action aux petites activités étriquées. Il confirma qu'il venait bien de la ville voisine, et se présenta en tendant la main à son interlocuteur. Wilfrid posa brièvement sa pince pour la lui serrer.

" Et moi je suis Wilfrid, fils des seigneurs du septième bastion de la forêt. "

Stignan était un nom qu'avait pu entendre Wilfrid au détour des conversations, et il lui semblait qu'il lui était attaché une assez bonne réputation. D'ailleurs, le dit Alfrid avait l'air assez content de sa présentation, et d'être le père de son fils. De son côté, Wilfrid n'avait pas cherché à cacher qu'il faisait partie de cette caste guerrière de l'intérieur, chargée de défendre des territoire isolées. Le maître du septième bastion était aussi réputé pour être quelqu'un de colérique et de particulièrement impitoyable avec ses subordonnés, ce qui n'attirait pas que de bonne intentions envers son fils.

Wilfrid poussa un soupir : si seulement il avait réussi à s'échapper, il aurait pû partir de ce maudit pays et aller voir un peu comment le monde était à l'extérieur de ces frontières. On lui avait raconté des choses extraordinaires sur des pays où l'on ne connaissait pas l'hiver, où l'on ne savait même pas ce qu'était la neige, et où les plantes et les bêtes étaient innombrables et colorées. Mais voilà, il avait laissé passer sa chance, et il était fort possible qu'il sera encore plus difficile de réaliser ce rêve maintenant que son tuteur savait qu'il avait la tentation de partir.

Mieux valait ne plus y penser. Autant passer le temps avec ce nouveau qui était enclin à la conversation. Il avait l'air de vouloir visiter un peu, alors Wilfrid fit le tour de ce qu'il y avait de remarquable dans l'armurerie.

" Là, tu as les lances de réserve de la garnison des guerrières de la ville. On les reconnaît à cette espède de gravure sur le fer en forme d'aile d'oiseau. Et puis là, on est en train de reclouter la massue d'un gars qui fait dix pieds de haut. C'est grand hein ? Et là au mur, tu as un trophée qui célèbre la mémoire de l'ancien capitaine de la garde qui a débarassé la région d'un ours qui attaquait les voyageurs. Il a fait ça à mains nues. Certains disent que c'est un draugr qui aurait cherché à se venger en se réincarnant dans cet animal. "

Il avait montré une tête énorme d'ours empaillé et monté sur une plaque en bois accrochée au mur et surplombant majestueusement la salle d'armes. Il était vrai que cela avait dû être un exploit de l'affronter, mais cette histoire de mort-vivant semblait assez suspecte à Wilfrid. Les gens avaient tendance à exagérer les choses pour se faire bien voir.

Alfrid avait suivi sans attendre, quand Wilfrid lui avait proposé de visiter la caserne. Il faut dire qu'il cherchait toujours à découvrir un peu plus sur le Royaume d'Asgard et des nombreuses villes, aussi bien celle à l'intérieur des terres, que celle à l'extérieur du royaume.

Son père lui avait toujours dis qu'il fallait connaitre le plus possible le terrain autour de soit, pour ne pas être désavantager. Car souvent, toujours d'après son père, les envahisseurs n'étaient pas préparé à la rudesse du Royaume d'Asgard. Alfrid n'avait pu qu’acquiescer cette remarque. Lui-même avait mit un moment avant de s'habituer au climat et à la manière d'être et de vivre des habitants. Mais une fois cela dépassé, il avait réellement eu un coup de coeur pour ce royaume.

En suivant Wilfrid, le jeune soldat essayait de se souvenir de la réputation des Seigneurs du Septième baston de la forêt. Mais rien. Il avait déjà vu le nom écrit sur des documents ou entendu ce nom lors d'une conversation mais pourtant, il n'arrivait pas à se souvenir de la réputation de ses gens là.

Il haussa les épaules, gardant sa question en tête, pour ne pas être trop distrait durant la visite.

Il put admirer les différentes armes, armures et boucliers qu'il y avait dans cette caserne, ainsi que la façon dont tout était agencés. C'était l'une des raisons du pourquoi il aimait participer aux patrouilles et visite. Découvrir comment les différentes casernes (pourtant pas si éloigné que ça) travaillait. A chaque fois, il découvrait une nouvelle histoire, de nouvelles personnes,...

Beaucoup trouvait qu'il faisait gamins ou qu'il était puérile. Mais il s'en fichait. Du moment que son père le comprenait, ça lui suffisait. Il était sur que Wilfrid allait le trouver bizarre, en le voyant s’extasier sur les lames, motives gravés ou autres objets qu'il lui montrait.

l'apogée de la visite fut quand Wilfrid parla d'un ours qui aurait pu être possédé par un Draugr.

- Tu penses vraiment qu'il y avait un esprit Draugr? Ca serait tellement incroyable de rencontrer un vai Draugr. Et de pouvoir le combattre. Alfrid regarda la réaction de son camarade avant de continuer. Je veux dire, combattre des créatures pour défendre le Royaume et montrer de quoi on est capable... ça doit être incroyable. Tu ne trouve pas?

Alfrid continua a marcher un peu pour regarder par la fenêtre, tout en écoutant la réponse de Wilfrid.

- Dis moi, Wilfrid, tu as dis que tu étais le fils d'un noble. Il regarda son guide en souriant. Ca doit vouloir dire que tu es promis à un grand avenir au sein du Royaume non?
Il regarda son camarade en souriant. Moi j'aimerais devenir l'un des protecteur de ce Royaume. Pouvoir défendre ses terres blanches, ses habitants et surtout, voyager en prouvant qu'Asgard est une terre magnifique.

Wilfrid fut frappé de voir que son compagnon buvait littéralement ses paroles sur tout ce qu'il pouvait lui apprendre de la caserne. Oui, il le trouvait étrange, mais cette bizarrerie n'était pas la plus gênante que l'on puisse rencontrer dans la faune de la milice asgardienne.

On pouvait tomber sur des personnalités agressives qui avaient du goût pour la confrontation, d'autres qui s'obsédaient sur la progression de leurs propres forces. En comparaison cette folie douce était plutôt supportable. Pourtant il ne put s'empêcher de faire une grimace de dégoût lorsqu'il l'entendit s'enchanter sur l'idée de pouvoir peut-être un jour affronter un Draugr. Il tenta de faire entendre raison à son compagnon exalté.

" Tu plaisantes j'espère. Ces créatures sont paraît-il les plus sournoises qui soient. Pour échapper aux Enfers, il faut sans doute appartenir à la pire vermine. Cela ne doit avoir rien de commun à un vrai combat, plutôt avec de la dératisation. Tu dis sans doute cela parce que tu penses à leurs trésors ? "

Mais Alfrid démentit cette supposition : il cherchait la gloire et la reconnaissance du Royaume. Le regard de Wilfrid se fit fuyant. C'était quelque chose que l'on devait désirer lorsqu'on était guerrier, la gloire ... Mais il n'avait pas cela. Son père avait peut-être raison de lui dire qu'il n'avait que de l'eau à la place du sang. Ne pas avoir envie de s'illustrer. Quelle tare pour quelqu'un qui prétendait à faire partie de l'armée d'Asgard. La dernière remarque d'Alfrid remua le couteau dans la plaie.

" Je suppose que oui. "

Le ton de l'apprenti était sourd. Ce n'était pas comme s'il avait le choix, surtout maintenant que sa tentative d'évasion s'avérait être un échac. Il avait toutes les peines du monde à cacher son malaise, et se dépécha de détourner la conversation :

" Pourquoi penses-tu qu'Asgard est un pays plus beau que n'importe quel autre ? Tu étais ailleurs pour avoir un point de comparaison ? "

Un intuition commençait à poindre dans l'esprit de Wilfrid, très étonnante et paradoxale. Et si ce garçon n'était pas originaire d'Asgard ? Certes, il prétendait aimer ce pays et son père était certainement un sujet d'Odin, mais il y avait quelque chose de tellement curieux dans sa manière d'agir ...

" Le monde est tellement grand. On dit qu'au delà des mers, il existe des pays où l'on ne connaît jamais l'hiver. Les arbres y donnent tous les jours des fruits et sont remplis d'oiseaux. "

Sa voix était rêveuse, on sentait qu'il aurait donné cher pour se trouver là-bas plutôt qu'ici.

S'il y avait une chose qu'Alfrid avait apprit depuis qu'il avait retrouvé son père et qu'il avait franchit les montagnes pour entrer dans le Royaume d'Asgard, c'était que sa joie et son entrain pouvait parfois troublé les gens. Il avait bien vu à la caserne que, quand il étudiait les créatures mythologiques qu'on trouvait dans les livres et disait qu'il aimerait en rencontrer, les autres recrus le traitait de fou ou qu'ils ne comprenaient pas son attirance pour cela. Et après avoir déclaré qu'il aimerait affronté un Draug, il pu voir un regard qu'il connaissait trop bien, dans les yeux de Wilfrid.

Heureusement, le jeune homme ne continua pas plus son investigation dans l'envie d'Alfrid. Il semblait mal à l'aise mais Alfrid ne savait pas comment lui en parler.

Alfrid réfléchissait quand Wilfrid lui demanda son avis sur Asgard et lui demanda s'il venait d'ailleurs. Cette question, refit surgir l'image de la mère d'Alfrid qui, allongée sur son lit en train de partir pour l'autre monde en lui souriant. Durant un instant, Alfrid ne bougea pas mais chassa l'image de sa défunte mère pour sourire à nouveau à Wilfrid.

- Oui, j'étais encore dans un autre pays, au delà des montagnes. Mon père est originaire d'Asgard mais ma mère non. Et le pays d'où je viens est loin d'être parfait. Peu de gens me croyait quand je disais que j'étais le fils d'un Asgardien. Je me sentais mal à l'aise et n'arrivait pas à me faire accepter des autres enfants. Et quand ma mère... Alfrid déglutit quelques instants. Quand ma mère est partie de l'autre coté, ma grand mère m'a gardée avec elle jusqu'à ce que mon père vienne me chercher. Il se mit dos au mur. Après que je sois arrivé à Asgard, j'ai pu me lier avec tellement de gens, tellement différents et pourtant sympathique. J'ai eu l'impression de trouver ma place et c'est pour ça que j'ai décidé de devenir soldat, comme mon père pour défendre le Royaume d'Asgard. Ca peut paraître idiot mais quand on était dans les montagnes et que j'ai vu le soleil se lever sur le Royaume... j'ai eu comme une sensation étrange au fond de moi. Je ne sais pas si tu comprends.

Ensuite, Wilfrid lui déclara que le monde était grand et raconta ce qu'il devait avoir lu dans un livre ou avoir entendu parler par des voyageurs. Il semblait rêveur. Peut être avait-il le même regard qu'avait eu Alfrid quand il parlait des légendes que sa grand mère lui avait conté.

- J'ai aussi entendu parlé de ces pays... qui sait, peut-être qu'un jour on pourra voyager ensemble jusqu'à ces pays. Je suis sur que si on devient des grands protecteurs du Royaume, on sera un jour envoyé au delà des montagnes.

Il regarda Wilfrid avant de regarder par la fenêtre.

- Et tu as appris tout ça dans des livres ? Moi c'est des voyageurs qui passaient par la ville qui racontait des histoires.

Wilfrid avait fait mouche avec la supposition que l'apprenti soldat venait de l'étranger. Il avait d'ailleurs surpris cette expression mélancolique qui avait passé sur son visage. Cela avait été très fugitif, et Alfrid avait vite repris un ton optimiste. Comme si chez lui l'enthousiasme passait son temps à pouchasser et terrasser ses contrariétés. De son côté, Wilfrid restait résigné, d'autant plus qu'il venait d'apprendre quelque chose d'assez déprimant :

" Loin d'être parfait ... "

Ce qui dans la bouche d'Alfrid l'optimiste était sans doute une euphémisme pour ne pas dire "désolant". N'y avait-il aucun pays dans ce monde où l'on puisse vivre tranquillement ? Il semblait cependant que, de l'expérience de l'apprenti soldat, tout changeait du tout au tout lorsqu'on franchissait la montagne. Wilfrid ne savait ce qu'il devait penser de tout cela. Il réfléchit pour tenter de comprendre ce qu'avait pû ressentir le fils de Stignan. Et il finit pas avouer que c'était possible, tout en évitant de dire que c'était lorsque le soir, il regardait les étoiles monter du Sud.

" Peut-être. "

Toujours était-il qu'Alfrid n'était pas obnubilé par Asgard, l'idée de voyager ne lui déplaisait pas, même s'il ne montrait pas d'impatience à le faire. Il avait parlé à des voyageurs pour en entendre parler. Ce que Wilfrid savait du monde extérieur, c'était peu de choses en fin de compte. C'était surtout des objets qui appartenaient à sa mère qui enflammaient son imagination. Des objets en écaille et en peau d'animaux exotiques, des plumes d'oiseaux multicolores, des estampes accrochées aux murs des pièces où son père ne s'aventurait jamais dans leur demeure.

" Je n'aime pas trop lire ... Mais ma mère m'en a parlé. "

Il s'approcha de la fenêtre pour tenter de voir ce qu'Alfrid regardait. Il vit passer la dernière ronde avant le couvre-feu, à peine visible dans la tempête de neige, et poussa un soupir.

" Ce n'est pas demain que cela arrivera. De voyager avec l'armée. Pas avant seize ans, paraît-il. Et je ne sais pas si on nous enverra faire la guerre si loin. Il paraît qu'en général, on la déclare aux pays voisins. "

D'ailleurs, il se demandait quelle serait la réaction d'Alfrid si on lui annonçait un jour qu'ils allaient envahir sa terre natale. Mais il se retint de poser la question, et préféra aborder un autre sujet.

" Alors ? Quel grade vises-tu dans l'armée d'Asgard ? Il faut au moins arriver au niveau de son propre père pour ne pas déshonorer son nom. Mais il faut faire ses preuves. Soit sur le terrain, soit lors des tournois. "

" - Le Royaume fait parfois la guerre au pays voisins? "

La remarque de Wilfrid perturba un peu Alfrid qui voyait mal l'armée du Royaume attaquer d'autres pays et s'attaquer à des innocents. Mais avant qu'il puisse y réfléchir plus longtemps, Wilfrid lui posa une autre question.  

La question de Wilfrid prit Alfrid de court. Quel grade? Il n'avait jamais vraiment réfléchit à la question. Mais c'est vrai que pour réussir à rendre fier son père, il allait devoir atteindre les hautes sphères de l'armée. Pourtant, au fond, il n'avait pas envie de cela.

" - Que dirait mon père si je lui disais que je voulais faire carrière dans l'armée et que je voudrais avoir un poste au même niveau que le sien, voir plus pour le rendre fier?" Il regarda dans le vide quelques secondes.

- Je ne sais pas trop, a vrai dire, je n'ai pas trop réfléchis à cela. Et toi? Tu vises les hautes sphères ou tu vas te réorienter plus tard?

Alfrid réfléchissait à ce qui pourrait permettre à un Asgardien de voyager autour du monde ou du moins, d'aller voir les autres pays ensoleillés. Il réfléchit en écoutant Wilfrid. Il vit soudain qui, à Asgard, pouvait partir loin du pays et vivre beaucoup de choses incroyable.

- Peut être qu'il y a d'autres options que l'armée... tu as déjà croisés les Guerriers Divins ? Il regarda un peu dans le vide en revoyant ceux qui étaient passés part sa ville. Il semble vivre des aventures incroyables et partir au delà des montagnes.

" Troisième rang. "

La réponse de Wilfrid était assez sobre, mais exprimait dans son ton la gravité et l'anxiété d'atteindre cet objectif à la fois ambitieux pour un apprenti, et subalterne par rapport aux chefs de second rang qui prenaient les décisions avec le Général. Il plaqua ses mains sur le rebord de la fenêtre, comme écrasé par ce qu'on attendait de lui et qu'il éxécutait simplement parce qu'il n'avait pas le choix.

Comment se faisait-il qu'Alfrid puisse être d'un optimisme aussi inébranlable, comme si tout cela n'était qu'une promenade ? Ne sentait-il pas la les rivalités qu'il y avait autour d'eux ? Peut-être que l'état d'esprit était différent dans l'autre caserne était différent de ce qu'il avait pû constater ici. Il leva des yeux avec un air concerné quand il l'entendit parler des guerriers divins.

" A proprement parler, non, je n'en ai pas vu. Les armures des conquérants apparaissent rarement, certains disent qu'il ne s'agit que d'une légende. Les dieux sont endormis, et bien malin celui qui trouvera l'une des robes divines qu'ils ont cachées dans le royaume. En tout cas, c'est ce qu'on m'a dit. Je sais que parmi mes ancêtres il y a eu des guerriers divins. "

Wilfrid n'avait pas l'air spécialement fier, plutôt perplexe en disant cela. Les guerriers divins d'Odin étaient en principe en lutte contre Poseidon, le démon des eaux qui souhaitait faire disparaître les terres sous l'eau pou pouvoir se les approprier. Cette histoire était tellement incroyable qu'il fallait sans doute le voir pour le croire.

" En revanche, je crois pouvoir affirmer que j'ai vu passer un saint d'Athéna. Ce sont des guerriers sacrés du Sud, au service d'Athéna, la déesse grecque qui protège les Hommes des dieux. Ils ont été dispersés par l'armée des Enfers. Peut-être est-ce un signe ? "

" Un signe de quoi ? Ne rêve pas. Les guerriers divins sont choisis parmi les plus forts mais aussi les plus loyaux serviteurs d'Odin. Un déserteur n'a pas sa place parmis les sept divins. Il devrait plutôt être à l'armurerie, sous surveillance étroite. "

Un fracas métallique se fit entendre derrière les deux garçons. Dans l'embrasure d'un passage se trouvaient trois adolescents âgé de deux ou trois ans de plus que Wilfrid et Alfrid. C'étaient leurs cottes de mailles qu'ils avaient lancées au milieu de la pièce, comme pour bien faire comprendre à Wilfrid qu'il devait se trouver à l'établi. Ce dernier reconnut un grand qu'il avait proprement humilié lors d'un duel d'entraînement. Il y avait de la vengeance dans l'air.

" Avec les copains, on a essayé nos cottes tout l'après-midi, il faudrait que tu les répares. Mais on dirait que tu préfères discuter avec les étrangers ? Deux félons qui parlent de devenir guerrier divins, vous ne manquez pas d'audace quand même. "

Bien que sur la défensive, face à trois garçons armés tandis qu'il ne l'était pas, Wilfrid leur envoya un regard méprisant.

" Bonne idée de s'entraîner. Parce que de ce que j'ai pû voir, tu as un niveau assez médiocre. Si j'étais Odin et que je devais trouver des champions, je retournerais me coucher directement en te voyant. "

Alfrid écouta la réponse sans intonation de Wilfrid et se demanda ce qu'il pouvait bien avoir pour être aussi tendu. Il l'avait remarqué dès son arrivé. Wilfrid semblait tout le temps avoir un poids sur les épaules et surtout, quelque chose qui embrumait son regard.

" - Que peut-il bien se passer ici pour qu'il soit comme ça? Ou bien est-ce la pression familiale qu'il subit qu'il lui fait cet effet là?" Songea Alfrid en regardant son camarade fixer l'extérieur.

Lui même savait qu'il y avait parfois des rivalités pour les postes hauts-gradés de l'armée mais qui pourrait être assez idiot pour se pourrir la vie à tellement stresser, qu'il stresserait les gens autour de lui? Cela était incompréhensible pour Alfrid. La vie était trop courte pour s'ennuyer avec de tel bêtises. Surtout qu'il y avait tant à faire et tant de chose à voir rien que dans le Royaume...

Ses pensées furent interrompu quand Wilfrid déclara que peu de gens devenaient des Guerriers Divins car les Dieux d'Asgard étaient probablement endormit et que les habits sacrés étaient dur à trouver. Il baissa les yeux, un peu déçu mais retrouva sa joie quand il entendit qu'un des ancêtres de Wilfrid avait été un Guerrier Divin.

- C'est vrai? Ca devait être incroyable de voir les Guerriers Divins affronter les ennemies d'Asgard dans leurs armures magnifiques... mon père m'en parle de temps en temps. Je pense qu'ils ne sont pas une simple légende mais juste qu'ils sont plus discret que les autres.

Ses yeux devait pétiller et il pensait que Wilfrid allait avoir un peu de fierté dans sa voix en parlant de l'un de ses ancêtres mais non, il semblait perdu dans ses pensées. Puis il déclara qu'il avait vu des Saints d'Athéna qui avait eu des déboires avec les Spectres d'Hadès.

A entendre parlés des Spectres, Alfrid eut un frisson en se rappelant de ce qu'il avait lu dans les archives de sa ville, sur les combats qu'ils avaient du faire contre eux il y a longtemps. Mais avant qu'il ne puisse parler, trois adolescents insultèrent Wilfrid puis lancèrent leurs cottes de mailles sur le sol.

Alfrid suivi l'échange entre les trois adolescents et Wilfrid en souriant. Surtout quand Wilfrid leur dit qu'il fallait en effet qu'ils s'entraînent vu leur niveau. Les nouveaux arrivant semblèrent en colère.

- En plus, si vous deveniez des Guerriers Divins, et que vous jetez vos armures comme vous venez de jeter vos cotes de mailles, je penses que les Dieux d'Asgard devraient se dire que vous n'êtes bon qu'a vous pavaner. Et pour votre gouverne, Je ne vois pas en quoi discuter avec un "étranger" peut faire du mal. Il s'avança un peu, toujours son sourire sur le visage. D'après les meilleurs soldats de ma ville, c'est en apprenant que l'on devient meilleurs.

Il leur fit un petit geste de la tête avant faire signe à Wilfrid.

- J'ai l'impression qu'il y a des gens peu tolèrent ou bien simplement qu'ils ont peur que tu sois plus fort qu'eux. Ce qui à vu de nez, Alfrid les examina comme son père lui avait apprit à le faire, semble être le cas.

S'il y a bien une chose qu'Alfrid ne supportait pas, c'était ceux qui s'amusaient à rabaisser les autres. Et à voir ce trio, ils faisaient partie de cette catégorie de personne. Pourtant, il restait sur sa garde, afin de parer tout problème.

" - Père ne vas pas être content si je me bats contre l'un d'eux mais bon... il me passera un savon de plus."

Le chef de la bande des trois allait répliquer, mais Alfrid réagissait. Wilfrid en était assez étonné : il pensait que ce garçon était un rêveur, du genre à éviter les provocations, à arrondir les angles ... Mais il s'était trompé sur son compte. L'Asgardien d'adoption ne se laissait pas intimider, et c'était loin de lui déplaire : la bêtise ne méritait aucune indulgence. En tout cas, c'était bien la première fois que quelqu'un de l'âge de Wilfrid prenait son parti. On pouvait sentir comme de la fébrilité dans sa voix habituellement flegmatique.

" Pourquoi un seul ? Je te les prête tous ... dès que je leur aurais exprimé le fond de ma pensée. "

Pourtant, la provocation cachait son inquiétude. Heureusement, l'insulte de l'aîné des apprentis n'avait pas dissuadé Alfrid de se mêler de cette histoire. Wilfrid était rassuré de ne pas être seul cette fois-ci. Après l'entraînement, les trois acolytes devaient être bien conscients de leur infériorité dans la maîtrise du combat. Ils avaient sûrement une idée derrière la tête. La prudence du jeune garçon était en alerte, même si elle ne parvenait pas à freiner son envie d'en découdre. En revanche, le discours d'Alfrid n'était pas au goût de tout le monde, et les amis de la terreur de la caserne le firent comprendre.

" Tu te crois peut-être meilleur ? "

" Les meilleurs soldats de ta ville ? Ta ville ? Ecoutez-le, il se prend déjà pour le jarl, le petit je-sais-tout. "

" Pfff. L'ouverture d'esprit, c'est bon pour les mauviettes. "

Les attaques étaient d'une certaine mauvaise foi. Visiblement, ils avaient décidé que pour avoir pris le parti de Wilfrid, l'étranger allait servir d'exemple.

" Désolé, Alfrid. Il faut que tu arrêtes de parler intelligement : leurs cervelles sont en train de bouillir. Déjà qu'ils sont habiles comme des manches de pioches ...  "

" Tu vas regretter ces paroles, le hideux ! "

Wilfrid fronça les sourcils avec colère lorsqu'il entendit l'injure qui raillait la balafre qui parcourait son front et sa joue, séquelle indélébile de la dernière confrontation qu'il ait eue avec son père. Ses poings se serrèrent tandis que les trois aînés s'approchaient pour leur faire un sort, à Alfrid et lui.

Ils essayèrent de le coincer à deux, mais il leur fila entre les doigts comme une anguille. Une bonne droite à peine au-dessus de la ceinture, un coup de pied dans un tibias, la bagarre commençait bien. Il osa un coup d'oeil du côté du troisième larron, une grande brute qui semblait avoir pris la décision d'aller refaire le portrait d'Alfrid à coups de poings.

" Le mollet ! Frappe-le au mollet ! "

En effet, lors du tournois, l'adversaire d'Alfrid avait été blessé par là, c'était un point assez sensible ... Wilfrid n'avait pas dit ces mots qu'il se fit happer en arrière par une main qui le retourna brutalement. Il n'eut que le temps de se protéger le visage avec ses bras. Les dents serrées, il encaissa les coups assénés par les deux grands avant de prendre son élan et, rassemblant toutes ses forces et poussant un grand cri, de donner un coup d'épaule dans le ventre d'un acolyte pour se sortir de ce mauvais pas. La tactique avait fonctionné, et comme l'autre se pliait en deux de douleur, il décida de le mettre à terre d'un bon coup de pied.

Le temps qu'il déséquilibre son adversaire, le chef avait eu le temps d'agir dans son dos. Wilfrid sentit un lien qui s'enroulait autour de ses jambes, les ligotait fermement, et un choc contre sa cuisse. Il n'avait jamais vu une telle arme : une corde lestée de poids qui, lorsqu'on avait pris le coup de main, pouvait emprisonner une proie à distance. Le jeune garçon tomba lourdement au sol et regarda l'aîné des apprentis s'avancer vers lui. Il allait prendre cher s'il ne se libérait pas au plus vite ... ou s'il ne recevait pas d'aide.

" Alfrid ! "