Quand la Peur danse avec l'Anarchie!

L'arrivée des deux divinités n'était pas forcément la plus discrète. Il faut bien dire que Phobos aimait soigner ses entrées, et avec le retour de sa soeur, il s'en donnait à coeur joie. Ils survolaient tout deux la sombre et sinistre forêt qui entourait le domaine de la Peur. Les arbres décharnés, sans feuilles, paraissaient être davantage des carcasses végétales qui n'attendaient qu'un malheureux inconscient s'égare pour jeter sur lui les doigts griffues qu'étaient devenues leurs branches. Des hurlements de loups se faisaient entendre, comme saluant l'approche silencieuse des deux dieux, tandis que les gargouilles de son château semblaient les saluer. Les lourdes grilles de son domaine s'ouvrirent en grinçant bruyamment tandis que Phobos les fit se poser au sol devant elles. Les grilles ouvertes, l'entrée de son château était alors ouverte, laissant voir ce domaine si lugubre et sinistre qu'était celui du frère d'Harmonie. Tout semblait y être sombre, macabre, froid, à l'image du Maître des lieux en somme. Un serviteur à haut de forme les accueilli, dénué de peau et de bien autre choses, il ne lui restait plus que les os et un vague souvenir de chaires, ses orbites vides ne pouvant alors le faire observer ses maîtres. Car en ce lieu, Phobos estimait que Harmonie était elle aussi maîtresse du domaine. Elle était sa soeur après tout! 


L'intérieur était tout aussi sombre et poussiéreux. Des toiles d'araignées recouvraient les étranges tapisseries aux motifs inquiétants et ésotériques, des portraits lugubres qui semblaient épier les visiteurs. C'est alors qu'une musique lourde, métallique, gothique, se fit entendre. 


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Le bras posé délicatement sur une hanche de sa soeur, Phobos la fit entrer dans une pièce bien plus grande qu'elle ne le laissait présager. Les murs et le sol semblaient être faits d'un marbre d'ébène qui n'avait rien à envier à un diamant noir. Des chandeliers brûlaient de faibles et pâles flammes fantomatiques, éclairant faiblement cette sombre pièce. Des ombres se mouvaient, des créatures de la nuit, qui attendaient le retour de leur maître qui, d'un signe de la main, les congédia sans appel. Tandis que les succubes et autres vampires disparaissaient, un orgue sinistre, à l'allure macabre, mi mécanique, mi organique, semblait alors sortir de l'ombre. L'orgue jouait seul la musique, tandis que Phobos menait alors sa soeur au centre de la pièce, au centre de ses ténèbres. Un trône pâle, constitué de créatures diverses et innommables, dominait alors la scène, avec à ses côtés un autre. 


"Bon retour chez toi, ma Soeur!" 


Phobos tenait deux coupes d'or dans ses mains, remplie d'un vin que Dyonisos avait réalisé lui même, et en tendait une à Harmonie.


"Trinquons à ton retour!"  

Un sourire honnête, mais lugubre pour beaucoup, s'afficha alors sur le visage de la Peur.

Silencieux, Phobos n'avait réagit aux plaisanteries de sa soeur. Cela ne voulait pas dire pour autant qu'il lui reprochait, juste qu'il ... n'était pas, là encore, quelqu'un de léger au point de rire là dessus. Tellement sérieux que le jeune dieu paraissait bien sinistre aux autres, cela sans même parler de ce qu'il représentait. Il l'observait découvrir son sanctuaire sacré au sein de son domaine, là où l'essence même de la Peur était la plus forte, là où toute les horreurs qui hantaient le coeur des hommes pouvaient naître. Elle semblait comme subjuguée par la beauté surnaturelle et lugubre de la pièce. Elle avait martyrisé en passant une des succubes qui, quittant la pièce, avait eu le malheur de trop s'approcher des deux dieux, mais cela importait peu à Phobos. Après tout, ces créatures n'étaient rien de plus qu'une source de distraction, un simple caprice sans importance de sa part, ni plus, ni rien, et il se moquait clairement de ce qui pouvait leur arriver. Harmonie semblait, et cela ne surpris pas Phobos, se demander où était leur frère, Deimos. Il est vrai que ce dernier était absent depuis un moment. La Peur avait entendue dire qu'il avait été vu lors de l'expédition improvisée des berserkers à Ithaque, mais était porté disparu depuis ce moment là. 


"Hum... Difficile à dire. Deimos ne m'a rien dit de ses projets, sans doute a t il eu une envie subite et qu'il est allé faire ce que bon lui semblait. Il n'a pas été envoyé au Tartare, je l'aurais ressenti d'une manière ou d'une autre. Après, tu sais comme il est impulsif...." 


Il n'avait guère eu le loisir d'y réfléchir jusque là, la gestion des berserkers ainsi que sa quête pour retrouver une partie de son être l'ayant passablement occupé, mais à bien y penser, son absence était préoccupante. Il était, après tout, l'un des commandants de l'armée d'Arès, et aussi son jumeau. Il ne restait plus qu'à espérer que ce dernier ne se fourre pas dans des situations inextricables, Deimos avait bien été abattu par Poséidon à un moment, et il n'était pas impossible, connaissant la Terreur, qu'il puisse provoquer quelqu'un de trop puissant pour lui. Si Phobos était le réfléchi de la fratrie, le politicien, Deimos lui était davantage fonceur, adoptant des attitudes et des comportements bien plus proches de ceux de son Père. Quoiqu'il en soit, si Deimos tardait à réapparaître, et bien il irait tout simplement à sa recherche. Phobos regardait alors sa jeune soeur, s'approchant d'elle pour lui poser une main froide sur son épaule.

"Ne t'inquiètes donc pas pour lui. Deimos est un dieu puissant, je suis certain qu'il va bien." 

Harmonie releva par contre le ton qu'il avait employé en parlant d'Artémis. Ne l'appréciait il pas? Cela était plus compliqué que ça.

"Hum... Artémis est la déesse de la Lune et de la Chasse. Sur certains aspects, nous sommes des alliés naturels, mais elle est d'une nature changeante, et actuellement, elle est loin d'être dans l'état où je peux l'apprécier. Il suffit de savoir qu'elle a préférée, une fois éveillée, prendre connaissance de l'état du monde en allant à la rencontre des titans plutôt que les siens!" 


Cette décision, cela Phobos ne la digérait pas. Les Olympiens et les Titans étaient des ennemis de longues dates, et cela n'allait pas changer de sitôt pour en avoir croisés quelques uns récemment, d'autant que Arès lui même avait décrété leur fin. Bref, la déesse de la Lune avait bien perdue de sa superbe, et cela avait agacé le dieu de la Peur. Mais heureusement, Harmonie était revenue, et cela lui rendait sa bonne humeur.  

"Mais si elle reste une olympienne, elle ne fait pas partie de mon clan. En ce sens, elle est bien moins importante pour moi que peuvent l'être Père, Mère, Deimos .... ou toi. Si cela était ta question... " 

Phobos la regardait avec attention. Il savait qu'elle aimait jouer avec lui. Et sans doute grâce à la précédente forme qu'elle avait adoptée, autant physiquement que dans son comportement, il prenait plaisir à la voir telle qu'elle était en ce moment. Il aurait dû l'emmener directement à leurs parents, mais Phobos avait préféré attendre un peu. Il savait qu'elle ne les appréciait guère, mais au fond de lui, il voulait peut être rester un peu avec elle, un tout petit peu. Mais cela, le jeune dieu n'en avait sans doute même pas conscience lui même. 


"Je vois que le vin te fait de l'effet, ma jeune soeur. J'aurais sans doute dû te demander ce que tu désirais avant de t'en servir..."

Mon cœur se figea lors que Phobos m’annonça que notre autre frère n’était pas revenu d’une mission. J’aurai préféré apprendre qu’il n’était pas encore incarné, cela m’aurait moins cause de souci. Tu essaie de me rassurer sur sa force et qu’il n’est pas né de la dernière pluie, mais je ne te crois pas. Un mauvais pressentiment me noue les entrailles. Certes tu es là, présent, mais sans Deimos je me sens incomplète. J’aime chaque facette de votre personnalité, l’un froid et calculateur, l’autre au sang chaud et exubérant. Attrapant ta main glacé sur mon épaule, je la serre simplement et tendrement communicant simplement ma tristesse et ma …. Peur pour notre frère.

Alors que tu abordes le sujet d’Artémis, je regrette déjà d’en avoir parlé, lorsque tu prononces l’expression allié naturels, je recule de quelques pas de toi, me dérobant de ta main sur mon épaule.

[size=12]Comment oses-tu en parler en ces termes ?

Mon ton est plein de reproche, cette gourdasse d’Olympienne pouvaient bien aller voir les hécatombes, ou qui lui chante, mais sa présence ici était des plus déplaisante pour moi. Je l’accepte car elle a un lien direct avec notre père mais je ne l’a considère pas comme ma tante. Mes poings se serrent et mes bras se tentent le long de mon corps, le vin qui restait dans ma tasse goutte sur le marbre ébène, donnant l’impression d’une tâche de sang qui grandissait petit à petit.

[i ]C’est bien cela le problème c’est une Olympienne, il mérite tous de mourir. Ils ne sont pas nos alliés naturels, tu le sais aussi bien que moi.

J’étais en train d’entrer dans une colère noire, ma respiration s’accélérait soulevant plus rapidement ma poitrine.

A la moindre occasion, ils te planteront un couteau dans le dos, ils te priveront de tous ce qui fait ton bonheur et tu devrais leur dire merci.

Je cherche la bagarre, pourquoi en avoir parlé, il avait habillement contourné le sujet à l’entrée du domaine, et moi j’avais en savoir plus. J’hurle de plus en plus fort. J’étais sur un ascenseur émotionnel, la tristesse pour Deimos, la crainte pour lui, et t’entendre parler de cette poufiasse à la peau douce me mit hors de moi. J’hurle de plus en plus fort. J’étais sur un ascenseur émotionnel, la tristesse pour Deimos, la crainte pour lui, et t’entendre parler de cette poufiasse à la peau douce me mit hors de moi. Je te lance ma coupe au visage, avant de te sauter dessus pour essayer de te frapper. Mes petits poings fermé tambourine ton buste. J’hurle de rage et des larmes coulent tous le long de mon visage. Et soudain je m’arrête, mon corps contre le tien, la tête baissé, je n’ose pas de regarder.

S’il te plait, partons d’ici et allons chercher notre frère, c’est tout ce que nous avons à faire, je t’en supplie.

Mes jambes se dérobe sur moi, le vin et la violence des émotions viennent de me fatiguer, je glisse doucement vers le sol. J’ai autant de fierté que toi, me plaindre n’est pas dans mes habitudes.

Phobos ressentait la peur d'Harmonie tandis qu'il parlait de leur frère. La scène était pour le moins ubuesque, le dieu de la Peur tentant alors de rassurer Harmonie. Mais peu importe les mots qu'il pouvait prononcer, il lui eût juste suffit de changer de sujet en parlant d'Artémis pour faire sortir de ses gonds sa jeune soeur. Celle ci détestait, à juste raison, les dieux et particulièrement les Olympiens. Son histoire était tragique, et les choses ayant été ce qu'elles sont, ni lui ni Deimos n'avaient pu intervenir d'une façon ou d'une autre pour elle. Sa colère, sa haine, aussi justifiées qu'elles soient, aveuglaient la déesse qui ne pouvait comprendre, ni accepter, la vision des choses que le seigneur de l'Effroi avait. Il était vrai que, contrairement à beaucoup d'entre eux, Phobos possédait un certain recul. Il lui arrivait bien évidemment de se laisser emporter lui aussi par la fureur qui pouvait s'animer en lui, Phobos n'étant pas le fils d'Arès pour rien après tout, mais contrairement au reste de son clan, il savait la modérer, la temporiser, la canaliser, et cela ne le rendait que plus dangereux encore. Mais ici, en l'occurrence, il ne paraissait malgré son allure sinistre et dure, loin d'être le plus à craindre. La colère d'Harmonie explosait, sa voix se faisant de plus en plus forte, semblable au tonnerre déchirant le ciel nocturne. Pleine de reproches, emportée par ses sentiments variés et confus, elle hurlait contre un dieu de la Peur qui semblait rester de marbres, telle une montagne face au vent déchaîné. La coupe d'Harmonie fut alors lancée avec force vers lui, qu'il rattrapa d'un geste vif et précis. 


"Allons! Ce n'est pas des manières, Harmonie!" 


Il n'y avait nul reproche dans ses paroles. Non. Phobos ne faisait qu'une simple remarque à sa soeur. Il savait les épreuves qu'elle avait traversée, les supplices qu'elle avait dû traverser, et cela il ne l'appréciait pas plus qu'elle. Avant même qu'il n'ait pu dire autre chose, les jambes d'Harmonie commencèrent alors à flageoler, menaçant de la faire s'écrouler sur le sol tandis que la fatigue succédait à la colère. Il ne suffit que d'un pas pour le sombre dieu de la Peur pour la rejoindre, jetant négligemment les coupes qu'il tenait pour étreindre sa soeur dans ses bras, l'empêchant de tomber au sol en la soulevant. 


"Calme toi! Voyons. Ai je dit que je les appréciais?" 


Tandis qu'il tenait d'un bras sa soeur contre lui, il caressa alors sa tête de sa main libre, et la fit relever sa tête vers lui, leur regard se croisant. Les yeux sombres et sinistres de Phobos plongeant dans ceux émeraudes d'Harmonie. 


"Certains, de par ce qu'ils représentent, possèdent de fortes affinités entre eux, comme moi avec Thanatos, comprends tu?" 


Phobos avait cité une divinité qui n'était en aucun cas un olympien, afin d'éviter qu'elle ne s'enflamme de nouveau. 


"Mais cela ne signifie pas forcément que des divinités qui partagent un tel lien s'apprécient, quand bien même elles seraient liées par le sang! D'autant que les dieux sont aussi cruels entre qu'ils peuvent l'être avec les humains... si ce n'est plus, même!" 


Il suffisait de voir les querelles qui animaient régulièrement Zeus avec ses frères pour comprendre ce qu'il voulait dire. Il caressa alors du bout du doigt la joue d'Harmonie. 


"Je sais que tu as souffert. Je ne pouvais rien faire pour toi à l'époque, mais désormais...." 


Le doigt glacé de la Peur glissa alors vers le collier qui emprisonnait sa soeur. Phobos ne connaissait pas tout les détails de l'histoire, mais il savait reconnaître l'oeuvre du dieu Forgeron Hephaïstos. Phobos ne serait guère surpris, connaissant les antécédents du dieu boiteux avec leurs parents,  si cet artefact si finement conçu ne renferme une malédiction. Son doigt semblait comme chercher un moyen de lui retirer, mais en vain, le bijou semblant alors constitué d'une seule pièce.


"...désormais, tu es avec moi! Je ne permettrais en aucune manière qu'il t'arrive encore un malheur!" 


Phobos était tenté d'arracher cette entrave camouflée en oeuvre d'art, mais il était conscient de la solidité des créations d'Héphaïstos. Si seulement il était éveillé, la Peur se serait bien glissée jusqu'à lui, et peut être aurait il pu obtenir un arrangement avec lui, d'une quelconque manière. Mais cela n'était pas le cas. 


"Je suis navré, ma soeur. Je commande les armées de Père, et je ne peux m'y soustraire pour l'heure. Si Deimos ne réapparaît pas, alors j'irais à sa recherche, seul! Car si il était arrivée quelque chose à notre frère..." 


Phobos ne savait pas où cet inconscient s'était encore fourré, lui laissant alors les berserkers à gérer seuls. Il doutait foncièrement qu'il lui soit arrivé un malheur, leur lien étant ce qu'il est, Phobos l'aurait forcément ressenti d'une certaine manière. Mais si cela était le cas, alors il ne pouvait mettre également Harmonie en danger. Son regard parlait davantage que ses mots, plus peut être que le dieu de la Peur pouvait l'imaginer. Il reposa alors sa soeur au sol, la tenant toujours, au cas où son ivresse lui jouerait de nouveau des tours. 


"Je ne peux accéder à ta demande. Demande moi autre chose si tu veux." 






 

Phobos écoutait attentivement sa soeur. Elle était pleine de rancoeur et d'amertume, mais après tout, comment pouvait il en être autrement avec ce qu'elle avait vécue? Elle parlait alors de tous les tuer, tous jusqu'aux derniers, sans exception, prête jusqu'à boire dans leurs crânes. 


"Tous dis tu? Si Deimos et moi ne sommes pas des Olympiens, nous n'en restons pas moins des dieux proches de ce qu'ils sont. Dois je en conclure que nous sommes sur ta liste?" 


Il avait dit ça sur un ton sous entendant qu'il plaisantait. Elle savait que Phobos aimait jouer sur les mots, les manier était quelque chose qu'il appréciait grandement. Exaspérer les uns, duper les autres, voilà un jeu qu'il ne pouvait s'empêcher de pratiquer. Ce trait de personnalité, il le devait sans doute à Sa Mère, Aphrodite. Car Arès n'était pas du genre à philosopher bien longtemps, les paroles du dieu de la Guerre étant sommes toutes des plus franches et directes en général. 




En fait, Harmonie était probablement la seule qui pourrait comprendre, accepter et même apprécier dans son cas ce qui est aux yeux du fils d'Arès une fatalité que même les dieux ne sauront empêcher. Ayant proposé alors à la malheureuse déesse d'accéder à une demande qu'elle lui formulerait, qu'importe ce dont il pouvait s'agir du moment que cela restait raisonnable, il attendait alors sa réponse. Et une fois encore, elle le prit au dépourvu. 





La déesse resserrait son étreinte autour de lui, lui susurrant alors à l'oreille des mots que lui seul pouvait entendre. La chaleur d'Harmonie réchauffait le corps habituellement froid et terne de la Peur, et cela n'était encore rien comparé au baiser qu'elle lui donna. Si différent du dernier, si passionné, Phobos en était dérouté. Ses yeux se plissèrent, comme si il voulait l'observer plus attentivement, comme si cela allait l'aider à comprendre.   


"Je dois admettre que je ne comprend pas. Mais si tel est ton désir... par contre..."


Le sourire effrayant qu'apparaissait sur son visage lorsqu'il se tentait à plaisanter réapparu alors.





Phobos laissa un moment de silence s'installer, car il savait d'avance qu'elle le prendrait mal. Cela ne lui faisait pas plaisir, mais c'était pour son bien à elle qu'il le faisait, même si il risquer de se faire rejeter de sa soeur, même si il allait en pâtir par la suite car, même si elle n'acceptait pas cela, elle lui ferait payer d'une façon ou d'une autre. Mais en cet instant, sans qu'il ne sache pourquoi, ou qu'il ne veuille le savoir, son bien à elle passait avant tout, même si elle n'allait pas comprendre quel était son intérêt là dedans. 


"Essaie... je dis bien, essaie... de te réconcilier avec tes parents. Tu leur en veux, et je le conçois, mais sache qu'eux aussi ont été trompés et piégés dans ce malheur. Tout notre clan a été trompé...Tous autant qu'on l'est!" 


En effet, ni Arès, ni Aphrodite n'avaient conscience de ce qui allait se produire pour leur fille, et encore moins Deimos et lui même. Si cela avait été le cas, ils auraient fait en sorte de lui éviter les vies tragiques qui ont été les siennes. Phobos avait particulièrement insisté sur la fin de sa phrase, resserrant son étreinte autour d'elle. Il ne disait mot, mais elle pouvait percevoir sa culpabilité, lourde et aigrie, concernant cette tragédie. 


  

Harmonie s'était éloigné de lui, visiblement contrariée. Cela n'étonnait guère Phobos, qui restait alors silencieux. Il ne pouvait imaginer ce qu'il se passait dans sa tête, mais si il pouvait aider à ce que les liens entre Harmonie et ses parents se resserrent, si il y avait un moyen de ressouder cette partie de la famille, et bien il le ferait. Il avait assisté impuissant aux malheurs de sa soeur, et il avait conscience que leurs parents, ou au moins leur Mère, regrettent avec tristesse et douleur cela. Si seulement il pouvait corriger cela. Telle une ombre, il ne bougeait plus, se contentant d'observer Harmonie jouer avec sa tresse, la regardant boire de nouveau du vin. La contre partie qu'il exigeait semblait bien difficile à passer pour la jeune déesse, et cela, il le comprenait parfaitement.  Lorsqu'elle se retourna vers lui, ses poings crispés, ce fut pour lui annoncer qu'elle était prête à faire un essai. Il la connaissait, elle cherchait à éviter autant que possible de les voir, se forçant à aller à leur rencontre en cette unique occasion. Il devait reconnaître qu'elle était plutôt délicate à influencer, mais bon, il pouvait se contenter, pour le moment, de cette unique entrevue. 


"Bien." 


C'est alors qu'Harmonie se rapprocha de lui, comme pour lui servir à boire. Tandis qu'il se saisissait du verre, elle l'enlaça une nouvelle fois pour l'embrasser. Il aurait dû davantage se méfier mais à quoi bon, c'était leur retrouvaille, c'était... Soudain, une vive douleur le frappa à ses lèvres. Harmonie venait de le mordre au sang, lui rétorquant d'un air de défi qu'il lui paiera ça un jour! Un coup de tonnerre se fit alors entendre, faisant taire immédiatement l'orgue tandis que dans un mouvement brusque, la poigne de fer de la Peur saisit alors la gorge d'Harmonie et la souleva! L'aura sombre du fils d'Arès émanait de lui telle une flamme d'ébène, ses yeux sombres emplis de sang foudroyant alors la petite déesse tandis que sa voix hurlait alors tel le souffle d'un ouragan. 


"QU'AS TU FAIS?!" 


Il observa alors la bouche d'Harmonie avec attention, la colère animant pleinement le dieu, comme si il cherchait quelque chose. Cela dura qu'un instant avant qu'il ne la relâcha aussi brutalement qu'il l'avait saisie. Un froid terrible prit alors possession de la pièce, tandis que Phobos semblait gagner encore en taille, dans l'obscurité ambiante de la pièce.


"Mon sang... !" 


Il était furieux, se dévoilant alors comme le terrifiant maître des ombres qu'il était. Soeur ou pas soeur, son sang était sacré, ou maudit, tout dépendait du point de vu que l'on adoptait. Il l'utilisait pour influencer, transformer, et créer des créatures innommables, et en jouant ainsi, Harmonie aurait pu en subir d'atroces conséquences. 


"Je dois te remercier! Tu as su réveiller le sombre dieu que j'étais et qui tardait à revenir d'entre les ombres!" 


La fureur du dieu de la Peur, qui venait d'être provoquée par sa propre soeur, refaisait sortir le côté obscure de Phobos. Mais le plus effrayant dans cette situation, c'était qu'il semblait s'en réjouir. Cela faisait une éternité qu'il n'avait ressentit une telle émotion, tout son être semblait alors sortir d'un mauvais songe, et enfin, il se libérait de ce brouillard qui l'entravait alors. Harmonie avait joué avec elle, avec ses sens, il s'était lui même laissé aller, bien trop même à son goût.  Il était temps de se reprendre, et cela allait commencer... maintenant! Avant qu'elle ne puisse réagir, Phobos se retrouva derrière elle. Il l'attrapa alors, la resserrant fortement, mais cette fois ci, il n'y avait rien de chaleureux ou de sensuel. Non, c'était une étreinte froide et dure, comme l'était la Peur en somme. Et sans un mot, il l'emporta, disparaissant alors tout deux du domaine de Phobos.