[Exploration du Palais Sous-Marin] Pandore

Exploration

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Que fait Anton à présent ? Impossible de le savoir. Et cette incertitude n'arrête pas la sainte. Considérant son frère d'armes comme assez grand et fort pour s'en sortir seul, elle continuait d'avancer, avec confiance et sérénité, vers la majestueuse porte barrée par les tridents croisés des gardes.
L'ordre qui fut prononcé à quelques pas d'elle fit sursauter la silver. Sur la défensive, perturbée de ne l'avoir senti venir, elle se retourna. Cependant, à la vue du nouveau venu, toute méfiance s'évapora.
Celui qui était intervenu en faveur de la visiteuse ne semblait pas animé par des intentions belliqueuses. Même si une étrange et ample cape le camouflait entièrement, même si l'éclat de son visage prouvait qu'il n'était pas humain, l'oiseau avait compris qu'il était venu pour lui apporter son aide.
Reconnaissante, elle le salua.

Au son de sa clochette, ce soutien inattendu donna ses conseils, expliquant que depuis bien longtemps, nul n'avait passé les portes de ce Palais, et que celles ci ne s'ouvriraient que pour laisser passer une personne prête à abandonner son existence matérielle.
L'aigle se força à réfléchir avant de donner sa réponse. Certes, la proposition était extrêmement alléchante. Toutefois, dans la forêt d'Aokigahara, succomber à la tentation de ce fantôme qui lui offrait un poignard avait été une erreur. Certes, on lui demandait de mettre en jeu quelque chose à quoi elle n'avait jamais vraiment tenu. Toutefois un Chevalier mort ne sert plus à grand chose pour les siens.
Décidément elle avait bien changé. Jamais auparavant elle se serait posé tant de questions. Elle était venue pour une raison bien précise. Hors de question de baisser les bras par peur de reproduire d'anciennes erreurs.

"Un tel sacrifice ne m'effraye pas."

Comme obéissant au nouveau venu, les gardes ouvrirent ces portes restées si longtemps scellées. Celui ci offrit alors un sac contenant trois pierres précieuses, sans pour autant en révéler l'utilité.
Hochant la tête et le remerciant, l'aigle prit ce sac, avant de passer ce seuil qui lui avait été révélé.

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Le souffle sourd de la pierre effleurant le marbre retentit dans le dos de la sainte. Celle ci Jetta un regard interrogatif par dessus son épaule, juste à temps pour voir les lourds battants de la porte se refermer. Jusqu'au dernier moment, un mince rayon de lumière aquatique filtra entre eux, signalant qu'une retraite était toujours possible.
L'obscurité du corridor dans lequel la visiteuse progressait fut dissipée par des torches qui s'enflammèrent, brillant d'un éclat de saphir. Aussitôt, au sol, des ombres naquirent, s'étirèrent et dansèrent, pantomime étrange qui tentait de retracer les épopées de ces contrées reculées et ignorées de l'humanité.

L'aigle avançait d'un pas régulier, posé mais prudent. Sans ralentir sa marche, elle observait le ballet qui ondulait sous ses pieds, les statues et les bas reliefs. Si elle ne pouvait en deviner l'historique exacte du pays qu'elle visitait, ces images faisaient naître des scènes supposées dans son esprit, et elle espérait se les voir conter, un jour, au coin du feu.
Aucun son ne venait troubler l'imperturbable régularité du bruit de ses pas. Ce silence n'était pas oppressant, ni inquiétant, mais plutôt étouffant. Comme si l'oiseau s'apprétait à tomber dans un gouffre d'oubli éternel, où elle suivrait à jamais ce couloir orné.
À ce propos... Depuis combien de temps marchait elle ? Le mur qu'elle longeait semblait vouloir s'étendre à jamais. Dans son ignorance de l'histoire dépeinte par les bas reliefs, elle ne pouvait plus s'en servir comme moyen de mesurer le temps passé ou la distance parcourue.

Puis soudain, un immense mur se dressa face à elle. Il s'agissait certes d'un problème, mais au moins c'était quelque chose. La visiteuse s'arrêta et réfléchit.
Elle remarqua assez rapidement les visages extrêmement réalistes sculptés sur cette paroi. Toutefois, lorsque l'un d'eux prit la parole, elle n'avait pas encore déterminé s'ils étaient humains ou non.
À peine était elle remise de sa surprise que le visage s'était tu et qu'un second avait pris la parole, se présentant comme le Gardien et demandant à la gamine son souhait.
Son souhait... Un bien grand mot... Pourtant sa voix était claire, sans aucune trace d'hésitation.

"Je viens, au nom du Sanctuaire d'Athéna et avec des intentions pacifiques, demander une audience au roi dragon."

Comme si sa prière avait été entendue, le sol gronda tandis qu'un dragon de pierre surgit hors de terre. La silver recula d'un pas.
L'une des têtes de ce monstre tricéphale prit alors la parole, pour demander une offrande comme droit de passage. Les paroles de celui qui lui avait confié les étranges pierres revinrent à l'esprit de l'oiseau. Elle devrait abandonner son existence matérielle pour passer ce premier obstacle... Elle voulait bien, mais qui lui garantirait que cela ne lui donnerait pas une occasion d'aller raconter des âneries à Yade? Elle n'avait pas le temps de s'amuser
Déterminée pourtant à obtenir son audience, elle dégaina le poignard camouflé contre son omoplate.

"Demandez, et si je peux vous donner l'objet de votre souhait, il en sera fait ainsi."

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L'aigle s'assombrit à la remarque pour le moins pessimiste du Gardien. Pourtant, elle n'avait pas à le contredire.
Elle avait pu constater que tout n'était que guerre entre les humains, que ce soit à l'échelle des pays ou à l'échelle des individus. Elle avait vu toute la hargne et la haine qui était en eux et elle savait que d'eux mêmes ils étaient plus enclins à créer la Guerre. Seulement elle avait aussi vu des innocents et des âmes pures, aussi ne pouvait-elle pas être aussi catégorique que son étrange interlocuteur.

"Certes. Mais notre mission est d'établir un Cycle de Paix. Et pour rectifier mes paroles, je viens sans l'intention de tuer ou détruire qui que ce soit en ces lieux."

Elle regretta de n'avoir pu comprendre les fresques et les statues qui s'étaient alignées sur tout son chemin. Peut-être aurait elle pu alors savoir quel sanglant passé ces contrées avaient connu pour que le Gardien tienne de tels propos.
La gamine regarda sans peur le Gardien sortir du mur, protégé d'une armure ornée d'une immense opale. Elle ne prit pas non plus peur en voyant son apparence reptilienne, car elle ne parvenait pas à déceler la moindre agressivité apparente dans son attitude ou ses paroles.
La seule chose qui attisait sa perplexité pour l'instant était ce qui lui serait demandé en payement. Comme toujours,
elle n'estimait pas avoir grand chose à perdre, et elle serait prête à donner sa vie pour revenir ensuite s'il le fallait. Seulement elle se voyait à présent comme appartenant à la Chevalerie dans les rangs de laquelle elle combattait, et donc ne disposant pas entièrement d'elle même. Elle craignait donc, légèrement, qu'en accédant à la requête du Gardien elle risque de faire défaut plus tard à ses frères d'armes.

Cependant la réponse ne vint pas. En même temps que le Gardien la lui annonça, une cosmos énergie s'approcha.
La sainte ne la connaissait pas et ne put donc pas identifier la personne qui venait ainsi vers elle. Cependant, à en juger par ce qu'elle ressentait, il s'agissait obligatoirement d'un Chevalier.
Souriant légèrement, elle s'immobilisa, laissant le temps à sa soeur d'armes de la rejoindre.

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Le Gardien s'était immobilisé, comme figé par un maléfice, abandonnant le pauvre oiseau au beau milieu d'un suspens insoutenable. Respectant pourtant la décision de la vénérable entité, elle baissa la tête.
On entendait désormais les bruits de pas et d'armure qu'annonçaient la cosmo énergie précédemment ressentie. Elle ne s'inquiéta pas, elle savait qu'il s'agissait d'un allié.

La Chevalier qui arriva alors se présenta immédiatement. L'aigle sourit car cette Shôko lui inspirait de la sympathie.

"Je suis ravie de te voir ici ! Les alentours sont désormais un territoire favorable au Sanctuaire et les villageois nous font confiance. J'aimerais à présent rendre visite au roi dragon pour officialiser cette alliance."

Cependant, Shôko s'approcha et lui fit part de ses doutes quant au Gardien. Sur le même ton de chuchotement, l'oiseau tenta de se montrer la plus rassurante possible :

"Il me semble que tout cela est normal, après tout ce lieu ne semble pas régi par les lois naturelles que nous connaissons. Il ne m'a pas attaquée du tout et se comporte de manière tout à fait courtoise."

Comme pour accompagner ses paroles, elle tourna son regard vers le mur.
Qui était parfaitement normal.

Par ailleurs, le sentiment d'oppression ressenti par la sainte atteignit son paroxysme et elle manqua de s'évanouir. Griever.... Elle s'était fourvoyée, la route à suivre ne serpentait pas par ici. Il lui faudrait repartir, encore une fois...
Après une révérence en direction du Gardien, la vagabonde se tourna vers Shôko :

"Cependant mon devoir ne me permet pas de rester plus longtemps. Je te fais entière confient pour mener à bien cette mission et en revenir saine et sauve.
Puisses tu me pardonner de t'abandonner..."