Pourquoi prouf? [Fb]

Une sorte d'instinct avait tenté de ramener la Titanide de la Mémoire au bercail, après qu'elle a quitté l'île Bourbon. C'était sans compter l'amnésie dont l'avait affublée le Tartare.
Les souvenirs de Mnémosyne concernant le domaine des Titans demeuraient très flous. Elle ne s'y était rendue qu'une seule fois depuis sa renaissance après la guerre à Ithaque, et ce fut à ce moment qu'elle périt face à Setesh. Quant aux souvenirs d'Aodé, ils n'étaient pas d'une grande aide. La petite humaine avait bien du mal à appréhender toute cette topologie divine.
Rentrer inconsciemment chez elle serait donc une grande aventure pour la Titanide.

Quitter l'île où ses frères s'étaient rassemblés ne fut pas non plus une partie de plaisir. Après plusieurs gaffes et maladresses de la déité amnésique, son hôte lui conseilla poliment de se rendormir et elles purent rejoindre le continent en toute sûreté.
La suite de leur périple se déroula de manière assez comique, Aodé réglant les problèmes créés par la nouvelle ignorance de Mnémosyne. Cependant elle ne put résoudre tous ses soucis.
Il était évident qu'elle s'étaient perdues. Et, sans doute à cause de l'entité divine que l'enfant abritait, elles avaient atterri là où des humains parmi d'autres ne devraient pas mettre les pieds avant l'heure.
Mnémosyne s'était perdue et elle était arrivée à l'entrée des Enfers par erreur. Et ni elle ni son hôte n'étaient conscientes de son cosmos qui ressemblait à un gyrophare, rendant inutile toute la discrétion dont pouvait faire preuve l'enfant.

Néanmoins, à ce moment là, elles commencèrent à remarquer qu'elles avaient fait fausse route et purent repartir aussitôt avant que les soucis ne commencent. L'imminence du danger, la nature de l'endroit où elle se trouvait rappelèrent à Mnémosyne comment elle avait perdu la vie pour la dernière fois et, par association d'idée, où ce malheur avait eu lieu.
Et ainsi toutes deux arrivèrent saines et sauves au Cronos Labyrinthos sans avoir prévu de s'y rendre.

À peine arrivait elle à l'entrée du Cronos Labyrinthos que Mnémosyne remarqua qu'elle était suivie et, même si elle ne se trouvait plus en état de le constater normalement, elle pressentait que cette personne pourrait la réduire en mettre d'un battement de cil si il le souhaitait. La Titanide n'en ressentit pas une quelconque crainte, mais plutôt de l'agacement. Elle aimerait bien qu'on la laisse un peu tranquille entre deux visites au Tartare.
Aodé, elle, n'en savait rien et continuait à avancer tranquillement, comme si de rien était.

Peu après, elles se retrouvèrent face à un spectre en surplis. L'humaine pâlit et recula d'un pas, craignant d'avoir à mourir à nouveau, avant de se ressaisir et de froncer les sourcils.
Elle comptait demander au niveau venu ce qu'il faisait en ces lieux, toutefois celui ci la devança en lui demandant pourquoi elle s'était rendue aux Enfers.
L'enfant n'était pas tout à fait au courant que ce lieu qu'elle venait de traverser était le royaume d'Hadès, et Mnémosyne profita de l'hésitation de son hôte pour répondre:

Spectre taper tête carnage. Perdu où maison... "

Aodé refusa de prêter sa voix à une telle suite d'inepties. Il était hors de question que la Titanide se ridiculise plus longtemps de la sorte, son hôte parlerait pour elle:

"Nous sommes revenues à la vie il y a peu et, étant amnésiques, nous nous sommes égarées en tenant de revenir sur nos terres. Nous n'avons aucune intention belliqueuse."

Peu importe ce que la Mémoire en penserait, Aodé ferait tout ce qui est en son pouvoir pour empêcher un énième duel d'avoir lieu. Ni elles ni leur fratrie n'avaient besoin d'un malheur supplémentaire.

Les mots pourtant sincères d'Aodé laissèrent le Spectre de marbre. Celui ci semblait toujours aussi effrayant et prêt à en découdre si une réponse correspondant à ce qu'il attendait ne lui était pas donnée. L'humaine prit quelques instants pour atténuer la crainte que lui inspirait son interlocuteur, car elle sentait bien que si elle laissait Mnémosyne s'en occuper il y avait trop de risques que cela se termine mal, celle ci était encore trop bouleversée par ses deux passages rapprochés au Tartare.

Le juge affirma à Aodé qu'il ne croyait pas un mot de ce qu'elle venait de lui raconter. Elle soupira discrètement, persuadée pourtant de ne pas avoir une tête à raconter des sornettes à quelqu'un qui n'attend qu'une excuse pour la tuer.
Et l'hôte de la Mémoire ressentit une immense lassitude l'envahir, comprenant enfin ce sentiment de celle qui l'habitait. Pourquoi est ce qu'il fallait toujours que les humains remettent tout en question, et cherchent à ce que la vérité ressemble à ce à quoi ils croient.

Aodé se rappela soudainement qu'elle aussi était humaine lorsque le Spectre s'approcha d'elle. Elle ne ressentait pas sa cosmo énergie, et elle n'en avait pas besoin pour comprendre toute la haine ressentie envers elle.
Mnémosyne, trop occupée à tenter de former une phrase correcte, prenait beaucoup de temps pour réagir. Avec un soupir légèrement plus marqué, son hôte répondit:

"Si vous ne me croyez pas, demandez donc confirmation à ceux des vôtres qui sont venus exterminer les miens."

Puis le Spectre demanda ce que Cronos manigançait et s'il cherchait à se venger.
Encore une fois cette question surprit l'humaine mais elle n'en montra rien. En quelques secondes, elle demanda confirmation à Mnémosyne: aussi loin qu'elles s'en souvenaient (c'est à dire depuis la bataille à Ithaque mais cela elles l'ignoraient), elles n'avaient jamais croisé Cronos.

"Je ne me souviens pas avoir entendu dire que notre frère et roi n'ait planifié de vengeance contre les Enfers à l'heure actuelle. Mais à vrai dire je ne l'ai personnellement jamais croisé, et les souvenirs des précédents hôtes ne m'ont pas été transmis."

Le Spectre affirma qu'il ne voyait pas quel intérêt les siens trouveraient à attaquer les Titans. Ni Aodé ni Mnémosyne n'en voyaient un, mais au vu des cris de guerre et des menaces de conquête que poussait l'hurluberlu atterri chez eux, cet intérêt devait être grand.
Enfin, son interlocuteur lui demanda des noms, comme preuve de sa bonne foi. L'enfant réfléchit un instant, tenant de se remémorer les paroles qui avaient été prononcées au cours de ce combat.
Après trois secondes elle répondit:

"Le Spectre d'Anubis nous a ôté la vie pour un moment."

La Titanide compléta avec application:

"Epiméthée aussi prouf parce que autre spectre carnage."

L'humaine soupira mentalement mais n'en laissa rien paraître.
Le menaçant inconnu se présenta, comme étant Kazuki, juge du Garuda. Aodé hocha gravement la tête, bien qu'elle ignorât totalement ce que signifiait ce titre.

"Nous sommes Mnémosyne, la Mémoire."

La Titanide en question se trouvait d'ailleurs en pleine réflexion. Devrait elle tuer cet imposteur, puisqu'il appartenait au même camp que celui qui l'avait envoyée au Tartare.
Cependant, inconsciemment, la Titanide comprit que la vengeance n'était qu'un cercle vicieux sans intérêt. Elle avait été tuée, la belle affaire, la voilà de nouveau parmi les vivants. Ce n'avait été qu'une mésaventure, désagréable certes, mais il ne fallait pas lui accorder plus d'importance. Elle ferait plus attention la prochaine fois.

Voilà qu'à présent le Spectre voulait savoir pourquoi les siens étaient partis à l'assaut du Cronos Labyrinthos... N'avaient ils donc aucune organisation dans leur armée, aucune communication, pour ne pas savoir ce que faisaient les uns et les autres?
Camouflant son agacement face à cet interrogatoire, Aodé se plongea encore une fois dans les douloureux souvenirs des moments qui avaient précédé son trépas.

Elle avait d'abord vu des cadavres affreusement mutilés, dispersés ici et là. Ils jonchaient son chemin et l'humaine ne pouvait avancer sans trébucher sur l'un d'eux.
Puis elle avait entendu les cris d'une espèce d'énergumène, qui menaçait de conquérir leur royaume.

"Lorsque nous sommes arrivées, il avait massacré un bon nombre de nos soldats et criait à qui voulait l'entendre qu'il cherchait un Titan ou une Titanide et qu'il conquérirait notre royaume. Nous sommes intervenues pour tenter de l'arrêter. Il a alors déclaré qu'on l'avait envoyé enquêter sur quelque chose qu'il ignorait et qu'il allait m'exploser la tête, ce qu'il a finalement fait."

Aodé n'aimait pas avoir à répondre à cet interrogatoire comme une coupable, mais elle ne voyait pas comment faire autrement.


[Désolée c'est court :/]

Selon le Spectre, arrêter Setesh, puisque là était le nom de celui qui les avait faites passer de vie à trépas, n'était qu'une tentative futile et vouée à l'échec. Cela semblait être une évidence que laisser passer un guerrier tel que lui était la seule chose sensée à faire.
Mnémosyne s'assombrit. Quand bien même elle aurait eu l'égoïsme inadmissible de préférer sa propre sécurité à la survie de tous ses soldats et sujets, comment aurait elle pu savoir qui était cet homme, dans la mesure où sa réputation ne l'avait pas précédé? Même l'humaine, pourtant faible et n'ayant aucune notion d'honneur guerrier ou de combativité, avait préféré risquer sa vie pour arrêter la destruction du Cronos Labyrinthos.
Aucune des deux ne répondit. Cela ne valait pas la peine, le Garuda semblait se considérer né pour conquérir les autres. Aodé haussa les épaules.

Puis Kazuki lâcha qu'il avait lui même envoyé le Spectre d'Anubis sur les lieux, avant de soupirer. Tandis que les yeux de son hôte s'agrandissant avec horreur devant le calme affiché, la Titanide soupira elle aussi, mentalement. Si le juge avait voulu conquérir leur royaume, il n'aurait pas envoyé un guerrier solitaire, elle ne le considérait donc pas responsable des actes de son bourreau.

Mais son avis changea lorsque le Spectre avait eu la flemme de réexpliquer les ordres à son soldat. Avait il seulement conscience de ce dont cet oubli était la cause?

"La flemme? La... FLEMME?!!! Comment peut on être aussi négligeant, aussi suffisant? Comment peux tu te présenter ainsi et souiller de ta présence la dernière demeure de ceux dont tu as causé le décès violent et cruel? Comment peux tu te présenter à nous sans la moindre once de regret?"

L'humaine n'avait pas été inspirée par Mnémosyne et elle était la première étonnée de pouvoir ressentir tant de colère et de pouvoir l'exprimer sans crainte.
Puis Kazuki conclut que ce conflit devrait leur servir de leçon. Ainsi elles devraient se laisser conquérir et voir ceux placés sous leur protection se faire massacrer en courbant l'échine?
L'humaine et la Titanide explosèrent de colère en même temps, leurs voix se mélangeaient pour n'en former plus qu'une:

"Tu n'as rien à faire en ces lieux! J'en ai assez d'entendre tes inepties! Repars d'où tu viens ET NE REVIENS PLUS!"