Ménon du Serpentaire

Ménon n'a jamais été habitué à remettre quoi que ce soit en question et a pour habitude de suivre aveuglément les ordres qu'on lui donne ou, en leur absence, ce dont il est sûr d'être approuvé. Zélé dans ses missions et dans ses activités quotidiennes,  Ménon n'est pourtant pas franchement courageux et ne prendra jamais de risques inutiles sauf si cela est nécessaire à l'accomplissement de sa tâche ou encore qu'un de ses supérieurs ne lui demande clairement. Il ne se porte que rarement volontaire pour des aventures périlleuses.
En tant que compagnon, il est extrêmement respectueux et révérencieux pour tous ceux placés au dessus de lui et tente d'être le plus proche des ses pairs. Plutôt craintif de nature, il a horreur du chaos et de la solitude et trouve la présence des autres réconfortantes. Sa plus grande hantise serait de voir le monde qu'il connaît tomber dans l'anarchie et la guerre. C'est la principale motivation qui le pousse à se battre, car il ne peut supporter le changement brusque et l'idée de perte définitive. Il accorde en outre une grande importance aux symboles du pouvoir comme les temples et leur destruction l'afflige profondément.

Ménon Flavius est originaire de la cité italienne d'Amalfi près de Naples. Ses parents sont issus de la petite noblesse et ont une influence assez grande dans la ville notamment grâce à son oncle, Anastase, évêque de la ville. Deuxième fils de la famille, le jeune Ménon ne devait pas hériter et, selon la tradition, devait entrer dans l’Église. Il entra donc à 6 ans à l'évêché sous la responsabilité de son oncle.
Le jeune homme entama donc son éducation dans ces lieux saints et se mit à apprendre la latin et le grec ancien ce qui l'a passionné. Sa vie recluse et régulière cultiva en lui le goût de l'immobilisme et de la stabilité. Il apprit à obéir et à assimiler le savoir sans discuter et cette étape de sa vie fut majeure pour son développement futur. Très tôt, il a été excédé par les propos volages ou légers que tenaient les autres enfants élevés avec lui et a préféré la solitude pour se protéger de ce qu'il juge être des propos dangereux.
Dangereux était en effet le mot qui lui venait à l'esprit quand il entendait une parole destructrice ou impie. Dans ses méditations, le jeune Ménon en était arrivé à la conclusion que l'Univers tenait nécessairement par une harmonie. Or une harmonie si parfaite ne pouvait qu'être la manofestation de forces divines surpuissantes. Ménon, sans avoir une idée précise de ces forces en question, était emplie d'admiration et de craintes envers elles. De telles puissances doivent être vénérées et en aucun cas importunées par de simples petits humains. Tout ce qui remettait en doute ou en question cette harmonie ou, plus généralement, toute action orgueilleuse des hommes était pour lui une insulte et une folie.
Vers ses 10 ans, il a mené ce qu'il a coutume de considérer comme  son premier combat au nom de l'Harmonie. En ces temps troublés, le crime et le chaos régnaient dans les états italiens. Amalfi ne fut pas épargnée et la cité fut ainsi conquise par a voisine de Naples après des décennies d'indépendance. Le symbole d'Amalfi étant le figuier, les troupes napolitaines voulurent enlever tous ces arbres de la ville. Le cloître de la cathédrale en contenait deux, or le jeune Ménon ne put supporter la destruction de ces plantes qui faisaient partie de son paysage quotidien. Lorsque deux soldats vinrent pour les raser, il sauta sur l'un d'eux et le mordit avec une violence terrible au bras gauche. Et là, à la stupeur des moines et des hommes d'armes, le blessé se mit à chanceler et tomba inconscient sous le choc. Son compagnon s'enfuit précipitemment chercher de l'aide.
Ménon n'eut pas le temps de se remettre de sa colère : le père Anastase l'attrapa par le bras et l'emmena à l'écart dans des passages souterrains sous l'édifice religieux. Son vieil oncle lui apprit qu'après un tel geste, il serait certainement châtié et qu'il valait mieux pour lui de rester en sûreté ici pendant quelques temps. Ménon demeura dans sa cachette pendant une poignée de jours, nourri par des prêtres qui vinrent lui rendre visite tous les jours. Il apprit que sa victime blessée était en fait empoisonnée par un venin similaire à celui d'une vipère et qu'il allait se porter pâle pendant un bon moment. La ville parlait de lui comme d'un démon de l'enfer et ses parents ont été obligés de quitter la ville. Ménon remarqua aussi que ses visiteurs semblaient assez peureux en le voyant et le regardait comme un monstre. Pour le jeune enfant, la vie était difficile car non seulement il avait perdu tous les repères auxquels il tenait si fortement et en plus il passe maintenant pour un être contre-nature qui a brisé l'harmonie et l'équilibre qu'il chérissait tant. L'idée d'avoir pu empoisonner quelqu'un par sa morsure l'angoissait profondément et il en venait à la conclusion qu'après tout, il ne faisait pas partie de la perfection naturelle qu'il admire.
C'est sur ces joyeuses pensées que le garçon reçu la visite de son oncle Anastase. Celui-ci se montra rassurant sur l'état de ses parents et sur celui du soldat. Il insista enfin sur la nécessité de quitter Amalfi au plus vite. Anastase ne fut pas étonné outre mesure de l'étrange capacité de la morsure de son neveu. Il lui assura qu'il connaissait quelqu'un en Grèce qui saurait lui expliquer ce qu'il en était exactement et les raisons de tout cela. Il conduisit le petit Ménon discrètement hors de la ville et des amis de l'évêché avaient affrété un navire pour la Grèce ainsi qu'un équipage. Après des adieux déchirants Ménon Flavius quittait sa terre natale pour le pays Grec.

Arrivé à Athènes, Ménon fut conduit par des amis de son oncle chez un vieil érudit de la ville qui travaille pour le Sanctuaire. Après avoir conté son histoire, il ne fit aucun doute pour le vieil homme que le fils des Flavius disposait de facultés spéciales et que cela pourrait éventuellement intéresser le Sanctuaire. Il orienta donc l'apatride vers le lieu saint d'Athéna.
Arrivé là bas, Ménon accepta d'entrer en formation pour devenir chevalier ou, tout au  moins, retrouver une patrie. Après 7 longues années d'entraînement, il obtint enfin le titre et l'armure d'un chevalier : celle du Serpentaire. Mais mieux, Ménon avait retrouvé des repaires et avait pu mettre une image sur ses pensées concernant l'harmonie de l'Univers. En la personne de la déesse Athéna, et plus largement des Olympiens, il comprenait maintenant ce qui avait insufflé la beauté à son monde.