Une nouvelle vie , une seconde vie ?

Libre… Enfin libre… Délivré définitivement de cette terrible malédiction dont je connaissais maintenant la vérité. Ou tout du moins une très grande partie. Il y avait encore des zones d’ombres que je devais éclairer par tous les moyens. Mère partie, sachant que son doux regard se posait sur moi, je décidais de rentrer dans mon domaine. J’avais beaucoup à me faire pardonner et tellement de choses à partager. En même temps, cette rencontre avait été tellement déterminante que moi qu’elle avait fini de me convaincre sur le bien-fondé de mon désir le plus profond. Nous devions absolument rendre à ce monde ce qui avait été dérobé. De plus, ce que j’avais considéré comme un pari était devenu une véritable certitude. Là où nous avions échoué, elle réussirait. Des millénaires passés en ce monde à l’observer et j’avais enfin  la conviction qu’Athéna serait l’élue du nouveau monde que je comptais bien instaurer. Mon destin était tout tracé et il convenait maintenant de commencer à le mettre en place. Ma famille saurait parfaitement la guider lorsque je serais endormi dans les bras de ma Mère. Peut-être, un jour, aurais-je cet infime espoir d’y vivre comme avant mais, en ce moment, il n’en était point question car je ne le méritais nullement.

Il fallait que le camp des Titans renaisse à tout prix. Maintenant, nous avions un rôle à jouer et il était bien plus important que des manigances olympiennes pour posséder le pouvoir. Ma mère m’avait confirmé que Zeus ne méritait pas ce pouvoir. C’était vers la seconde génération qu’il fallait se tourner. Ni Poséidon et encore moins Hadès méritait de dominer ce monde et d’être l’Espoir de Gaïa. Mais, avant de penser à tout cela, je devais absolument unifier ma famille autour de cet idéal. Cela serait la première étape de mon plan. À plus d’un titre, cela serait déterminant : convaincre ma famille serait le préambule à l’Aube de l’Âge d’Or. Je faisais mon apparition dans le temple de Mnémosyne, lieu restauré mais chargé d’un souvenir qui me fait encore grincer des dents. Ce regard neuf, offert par ma Mère, était une bénédiction mais il y avait encore un ou deux évènements qui m’empêchait pleinement d’en satisfaire sans aucune commune mesure. Là, en face de moi, je regardais les deux membres de ma famille. Un regard impassible, où pourtant, se mêlait une profonde tendresse à leur rencontre.  Je me rapprochais de Thétys tout d’abord. Lentement, je lui caressais sa joue gauche en un geste doux, plongeant ces yeux à la fois si lointain et pourtant si proche sur l’océan de son magnifique regard. Puis, je la pris dans mes bras et la serra contre moi un court instant avant de la relâcher, ce mince sourire insondable qui ne signifiait rien mais qui voulait tout dire pour ceux et celles qui me connaissait si bien.

Bonjour Petite Sœur…Toujours aussi belle à ce que je vois… Et… toujours aussi espiègle ?

Derrière ce visage que l’on pourrait qualifier de froid, voire même de distant, je ne pouvais m’empêcher de lui offrir ce petit sourire qu’elle devait bien connaître autrefois, celui d’un frère qui était vraiment content de la revoir et qui l’aimait profondément. Puis, je me tournais vers le deuxième titan. Du moins ce qui semblait être. Je l’observais très profondément, ce calme retrouvé se mêlant à une sérénité à toute épreuve. Du moins, le serais-je définitivement et complètement sans aucun a priori lorsque j’aurais achevé ce qui devait être entrepris avant que je ne rencontre ma Mère. Car, elle-même n’était pas parvenue à ôter cette colère sourde qui traîne en moi comme un véritable spleen. Pour autant, derrière cette imperturbabilité, je fis ressentir –malgré moi ?-  un bonheur de retrouver mon autre frère.

Bonjour Crios.  Dis-moi, mon frère, en quoi puis-je t’être utile ? Il semble que je ressens un certain trouble qui affecte ton cœur si je puis m’exprimer ainsi…

En effet, posant ma main sur son épaule et la tapotant fraternellement, il semblait y avoir une sorte de confusion. Quelque chose que je pourrais découvrir ou expliquer si j’avais le temps. Néanmoins, nous devions accomplir certains actes rapidement et des interrogations devaient être soulevées séance tenante. Relâchant l’épaule de mon jeune frère, je me dirigeais vers un coin de ce temple, l’endroit précis où Prométhée était mort à cause des Spectres et d’Éris.

On dirait que Océanos est parti récemment, son aura traîne encore dans ce lieu alors qu’il ne semble plus présent…Vous avez beaucoup de questions et j’ai beaucoup de réponses à vous offrir. Je dois vous informer, en préambule, que j’ai rencontré Mère et que j’ai appris certains faits dont je ne me doutais même pas. Je suis à votre écoute mais la présence d’Océanos est essentielle actuellement. Sans lui, je ne pourrais vous éclairer sur certains sujets.

Décidément, après ma Sœur et ma femme, voilà que Crios venait rajouter à la grande liste des Fauteurs de Troubles. Direct comme à son habitude, je le regardais pensivement un long moment alors qu’il quittait notre Domaine. Que les deux ne m’apprécient guère ne me dérange pas outre mesure du moment que mon Frère s’acquitte de l’Idéal que je nous ai fixé. Si, autrefois, nous avions pu avoir le choix ou avoir le temps, aujourd’hui, il fallait enclencher le processus rapidement. Ce que j’avais appris de Gaïa m’avait profondément troublé. Elle avait ses raisons mais aussi ses torts. Qu’à cela ne tienne puisque maintenant mon devoir ne s’étendait plus seulement à ma simple personne mais aussi à ma famille, ce monde trahi et désormais Mère. La réaction de Crios ne risquait donc pas de m’émouvoir d’autant que, dans tous les cas, il devra se plier à mes exigences qui se révéleront être notre Devoir.

Je me tournais vers ma sœur et l’écoutais distraitement mais néanmoins attentivement  alors que je me dirigeais non loin vers la sortie du temple de Mnémosyne. L’endroit, qui avait vu naître ma colère contre les Enfers… Toujours vivace en moi malgré le Don de ma Mère. Ce n’est pas une profonde haine qui m’anime mais une sorte de gêne. Kazuki Silfrid et Thanatos devaient périr et Éris devait mourir. Je n’ai pu sauver Prométhée d’un calvaire misérable malgré son courage alors que ces trois-là s’acharnèrent sur son corps et sur moi-même. Si je montrais toujours une image impassible de moi, je sentais que cette rage ne cesserait jamais d’exister tant que je ne me serais pas vengé. Que Mère me pardonne car je n’y arrive vraiment pas. D’ailleurs, l’existence même des Enfers est un acte contradictoire envers notre Idéal. Je ne trouverais pas la paix tant qu’existera la présence de cette mince obscurité en moi. Je restais à cet endroit précis tandis que je répondis à Téthys d’une voix sereine et paisible.

Qu’il en soit ainsi car nous allons nous rendre au Sanctuaire également. J’ai rencontré Mère, elle n’a point changé. Néanmoins, ses révélations furent douloureuses. Maintenant, je sais qui est le responsable  de notre tragédie et j’en connais la raison. Je dis « Le »… mais, je devrais plutôt dire « La «  fort malheureusement.  La vérité est troublante et choquante : je la révélerai lorsque nous serons toutes et tous réunis.  Sinon, pour le reste, ici est le lieu où je suis mort, portant le cadavre de Prométhée dans mes bras quand Kazuki Silfrid, Thanatos et Éris m’ont tué. Malgré le Présent de Mère, je ne parviens toujours pas à oublier ni à pardonner. C’est trop dur pour moi et l’envie de les tuer est encore présente en moi…

Je me retournais, un très mince sourire désolé s’affichant sur un visage malgré tout fermé. S’il n’y avait pas eu cet épisode avec les Spectres et la Discordieuse, tout se serait parfaitement déroulé  et j’aurais pleinement joui de mon bonheur retrouvé. Encore une fois, le sort s’acharnait sur moi. Néanmoins, il se conjuguait avec ma Volonté qui était aussi mon Obligation.

En vérité, je suis loin d’être un bon Roi. Et, je ne suis pas un très bon frère aussi. Malgré moi, j’ai fait de très mauvaises choses qui auraient pu être évité si je m’étais confié à vous. En réalité, j’ai voulu m’en sortir par moi-même sans vous déranger car j’avais trop honte de ce que j’avais accompli involontairement. Surtout, je ne pouvais me pardonner tout le mal que je vous avais fait inconsciemment. La bonne nouvelle est que je ne suis plus sujet à la Malédiction. Maintenant, nous avons un devoir à accomplir pour ce monde : nous devons lui offrir l’Âge d’Or que nous avions connu autrefois. Nous avons ôté la paix à ce monde, nous devrons le lui restituer. En votre compagnie, Athéna dirigera ce nouveau monde dénué de guerre et de souffrance. Quant à moi, je m’éteindrais dans les bras de Mère et m’endormirais profondément jusqu’à ce que le Mal menace notre Cadeau. Je ne mérite pas de connaître ce nouveau monde mais je m’emploierais à sa renaissance … C’est tout ce que je peux faire car c’est tout ce que je m’autorises à accomplir…

Je m’approchais de ma chère petite sœur et me tenais en face d’elle, posant mes mains sur ses épaules, les tapotant doucement et tendrement.

Explique moi tout ce qui concerne ce fameux traité de non-agression avec les Berserkers. Racontes moi précisément ce que je ne sais pas…

Vous le saurez bien plus tard. Ou bien plus tôt … Dans tous les cas, et bien que cela soit jugée inconcevable, c’est notre devoir de rendre à ce monde la beauté et la sérénité que nous avions connu autrefois. Néanmoins, ne nous le cachons pas ma chère sœur, ce désir risque de se bâtir sur le sang. Et, même si je ne le désire pas, même si je souhaite apporter cela par la paix, cela ne dépendra pas uniquement de nous. Cela sera lié au souhait des autres…

Ma descendance directe était le principal obstacle à notre  obligation. Je ne le disais pas mais cela serait une triste évidence : il y avait une possibilité que nous entamions un combat contre les Olympiens. Non que je le souhaite ardemment mais, maintenant, nous devions toutes et tous prendre notre responsabilité en tant que Descendant de la terre et du Ciel. Mère nous a entraîné sur un chemin véritablement démoniaque pour ses propres ambitions. Pourtant,  comment lui en vouloir au fond ?  Elle voulait un véritable Roi, elle ne l’a jamais trouvé. Son châtiment demeure impardonnable néanmoins. Je la comprends mais je ne peux l’excuser en aucun cas. Elle a détruit notre vie pour son souhait. Ma folie provient de son désir, ma souffrance vient de son Essence.

S’il m’est autorisé de revivre dans ce nouveau monde…  Car, à bien des égards, une terre de paix et de rédemption ne devrait point être foulé par celui qui a autant de sang sur les mains qu’il existe d’eau en ce monde…

Je pouvais imaginer que le reste de ma famille s’était attachée avec certains olympiens ou olympiennes. Si, en ce qui me concernait, il n’y avait qu’Athéna en qui je pouvais placer toute ma confiance, il n’y en allait pas pour les autres. Au pire, il y avait une forte rancune et donc une exigence impérative à s’intéresser de très près à leur cas. Au mieux, il y avait une totale indifférence. Dans tous les cas, au vu de l’urgence de la situation, il était de notre devoir d’intervenir rapidement et de mettre en place les préparatifs dès cette ère.

[ Une seule et unique chance leur sera accordée sauf un. Pour le reste, je n’éprouve qu’une profonde indifférence à leur égard. Je respecte, néanmoins, vos probables attachements à certains d’entre eux.  Tous ne sont peut-être pas responsables de l’état de ce monde mais leurs silences ou leurs actes ne plaident pas pour autant en leur faveur. Pour cette raison, si votre souhait est la voie de la diplomatie, je n’y vois véritablement aucun inconvénient. Mais si nous devons tracer un chemin de sang et de cadavre pour notre idéal, nous ne devrons point hésiter si nous y sommes réellement obligés…

Téthys me montra le Parchemin de Traité entre notre famille et le Domaine des Berserkers. Je l’observais longuement  et silencieusement. Ainsi, une malédiction avait été jeté sur mon disciple afin qu’il tue mon frère. Je me demandais bien qui avait pu faire cela. En tout cas, connaissant Ryuken, je savais parfaitement que son origine provenait de son caractère emporté. En échange, nous ne devions point nous mêler des affaires entre Poséidon et Arès. Cela signifiait donc qu’il y avait ou qu’il y aurait une guerre entre ces deux camps. Jetant un bref regard sur ma sœur, je me doutais que cela ne devait point faire plaisir à ma chère sœur. Qu’importe après tout. Si mon fils, Poséidon, disparaît, c’est son affaire et pas la mienne. Pour le reste, aucun des deux camps ne devait donc s’affronter et, au cas où l’un de nous souhaiterait pénétrer dans son domaine, une autorisation devrait être demandée. En bref, chacun chez soi…  Cela me convenait parfaitement… Je notais, toutefois, dans ma tête, dans un coin de mon esprit, qu’Arès ou un de ses fils avaient bien failli provoquer une haine féroce de ma part à leur encontre. Sans mot dire, une de nos servantes s’approcha de nous  et je lui demandais de remettre ce traité à nos scribes. Elle accepta humblement, pris le traité et l’emporta avec elle..

Tu leur a sauvé la vie… Néanmoins, cela me convient parfaitement… En conséquence, nous respecterons ce traité et je m’engage à abandonner ma colère contre eux. En d’autres terme, je leur laisse donc une chance…

D’ailleurs, l’objet de ma profonde rancune envers deux membres des Enfers refit surface. Alors que je m’entretenais ave ma sœur, je l’entendis et mon visage, auparavant, fermé et neutre, prit un air soulagé et profondément chaleureux. Je me dirigeais vers le fils de Japet puis ris son visage entre mes mains.  Il était libéré du Tartare et était revenu parmi nous à mon plus grand bonheur. Je l’observais un très long moment, tel un père contemplant son fils. Puis, je relâchais son visage et souris tendrement.

Prométhée… Mon enfant… Comme je suis heureux de te revoir…  Malheureusement, je ne suis pas parvenu à empêcher Thanatos et Kazuki de souiller ton corps. Néanmoins, ton courage a été un exemple. Tu es profondément digne d’être le fils de ton père. En l’absence de ton Père et de ta Mère, je m’occuperais personnellement de toi comme si tu étais mon propre fils. Cela ne sera guère difficile puisque je te considère déjà comme mon propre enfant…

Je posais ma main sur le sommet du crâne du Fils de Thémis quand une douce lumière apaisante vint soulager les meurtrissures restantes du valeureux Titan. Ce n’était rien en comparaison de l’infini respect que méritait le Protecteur des Hommes. Puis, je laissais ma sœur se présenter à lui pour prendre un peu de recul et réfléchir à la situation. Trop longtemps, je m’étais montré fort patient. Maintenant, il était temps que nous agissions. J’étais conscient que je faisais un pari avec Athéna car je misais tout sur elle. Néanmoins, elle était la seule à être digne de l’idéal des Titans. Très longtemps, je l’avais observé et j’avais cette profonde certitude qu’elle serait la plus à même de régner sur ce monde comme je l’entendais. Mes espoirs reposaient sur elle. C’est pour cette raison que…

Nous quittons notre domaine sur le champ et nous allons nous rendre au Sanctuaire. Nous devons nous entretenir avec Athéna sur le champ. Téthys, accompagne-moi, tu retrouveras ton mari. Prométhée, toi aussi, suis-nous…

Je me dirigeais calmement vers la sortie du temple. Qu’importe si ce lieu était vide ou pas : nous avions des choses bien plus importantes à faire. Il était temps que la Parole de Gaïa et le Souhait de notre Mère se fasse entendre  en ce monde.  

TRANSMISSION DE COSMOS: 60 PC pour Prométhée à mettre où il veut entre ses PV et ses PC.